La Ferme des Cabrioles: aux sources d'un mode de vie durable

La Ferme des Cabrioles: aux sources d’un mode de vie durable

Le bio durable: oui, mais pour qui?

La ferme des Cabrioles est portée financièrement par un système de prêt où seuls sont admissibles les «grands» projets qui impliquent un nombre minimal de têtes et une superficie minimale d’exploitation. C’est ainsi que la ferme a contracté de gros prêts, quelques centaines de milliers d’euros juste en bâtiment, les coûts d’améliorations étant au frais des locataires. Car les terres et les bâtiments de la ferme ne leur appartiennent même pas. Le propriétaire, c’est Terre de liens, une association fondée pour contrer la perte des terres cultivables au profit des urbains achetant leur résidence secondaire en région, et l’urbanisation, et l’exode de la campagne.

C’est un système industriel qui est imposé aux paysans et aux artisans du bio. Mais c’est certes impossible de démarrer en agriculture sans investissement. Les jeunes qui sont dans la vingtaine ou la jeune trentaine ont rarement les sous à portée de mains. D’où leur surendettement dans le domaine de l’agriculture bio. Ensuite vient le travail astreignant et pénible, sans relâche, sans répit. La cadence doit être augmentée pour produire plus, pour faire plus, pour pouvoir rembourser ne serait-ce que le minimum dû sur les intérêts (c’est sans compter le capital). Tout cela s’impose sans que les locataires entrevoient la perspective d’acquérir la propriété, car Terre de liens demeure propriétaire-locateur. Les améliorations sur le bâtiment sont aux frais des locataires et ceux-ci ne toucheront pas un centime de la propriété sur laquelle ils versent pleurs et sueurs. Cela nous laisse pantois: oui les jeunes doivent être soutenus pour faire de l’agriculture, mais il ne faut pas leur passer la corde au cou et il faut leur donner un horizon. C’est leur entreprise et les profits leur appartiennent, mais ce n’est pas pour nous le modèle d’une agriculture bio durable, viable et rentable.

C’est un lieu commun d’affirmer qu’il est fondamental de bien se connaître soi-même, de savoir cultiver des relations saines avec autrui et de nourrir une vision claire de notre potentiel pour se lancer sur les chemins de l’entreprise.

Nous ne nous attendions pas à ce que nous souhaitions à moyen terme nous établir sur notre propre ferme, sur une dizaine d’hectares, pour vivre encore plus profondément la liberté et la joie du travail au plus près de la nature. Le travail de la matière, près de la nature, en contact avec les produits du sol (aliment ou matériaux) nous est apparu comme une nécessité vitale.

Ferme des Cabrioles, Mauves-sur-Huisne, région du Perche, Orne, Basse-Normandie, France.

Ferme des Cabrioles, Mauves-sur-Huisne, région du Perche, Orne, Basse-Normandie, France.


C’est un moyen d’enracinement de nos êtres et de nos coeurs. C’est une manière de mieux nous ressentir, de mieux éprouver nos liens avec les autres. C’est, finalement, une façon de comprendre directement comment le partage, la solidarité, la communication et une vision commune réaliste et pragmatique peuvent nous permettre de mieux nous épanouir. C’est porter à bout de bras nos vies et bâtir un mode de vie durable, sain pour soi et sain pour les autres.