Dix jours de méditation

Dix jours de méditation

J’attendais donc depuis quelque temps que commencent ces dix jours dédiés complètement à affermir mon intention de vivre de manière juste, à concentrer mon esprit et à développer la compréhension profonde du monde qui se manifeste en «moi». La pratique du silence complet serait aussi propice pour cesser de vouloir tout rationaliser en paroles. C’était aussi pour moi une occasion propice pour éprouver personnellement et directement les enseignements du Bouddha.

Durant ces dix jours de méditation, j’acceptais comme tous les autres pratiquants de respecter cinq règles fondamentales de conduite vertueuse: 1) s’abstenir de tuer; 2) s’abstenir de voler; 3) s’abstenir de toute activité sexuelle; 4) s’abstenir de mentir et de médire (en gardant un silence complet); et 5) s’abstenir de consommer tout intoxicant.

Inspirée du style birman, la pagode du centre possède une grande salle de méditation ainsi qu'une centaine de cellules individuelles.

Inspirée du style birman, la pagode du centre possède une grande salle de méditation ainsi qu’une centaine de cellules individuelles.

Dans le contexte d’une telle retraite, c’est facile de respecter la parole juste, car durant neuf jours, c’est le silence noble: personne ne parle, tous conservent le regard tourné vers soi, vers l’intériorité, car tout contact verbal, visuel ou physique est interdit. Tout cela, c’est pour créer des conditions favorables à l’introspection, à l’observation de ce qui se passe en soi quand les stimulations extérieures sont réduites à leur minimum.

Jusqu’au milieu de l’après-midi du quatrième jour, nous avons tous pratiqué un type de méditation qui s’appelle anapana sati, c’est-à-dire la conscience (sati) de l’inspiration-expiration (anapana). J’ai bien vu que mon esprit, qui par nature recherche constamment une nourriture mentale ou émotionnelle pour se propulser vers l’avant, rechigne à ce genre d’exercice. Car la seule chose qui m’était demandée était d’être attentif au souffle qui entre et qui sort des narines, sans rechercher quoi que ce soit de particulier. Je devais ainsi m’exercer à ne pas développer ni de désir ni d’aversion pour ce type d’expérience. Facile à dire. Car mon esprit se perdait, vagabondait, s’obscurcissait, divaguait, s’endormait, rêvait, songeait, pensait, et s’ébranlait à la moindre émotion, positive ou négative. Et ma conscience de la respiration foutait le camp à tout bout de champ!

Alors c’est là que l’équanimité – le non-désir et la non-aversion – est entrée en jeu: je devais m’entraîner à rester attentif à ce qui se passait sous le bout de mon nez sans réagir. En étant juste présent et ouvert, en acceptant cette réalité physique telle qu’elle était, je sentais un calme mental qui se développait progressivement. Et aussi, je sentais que la capacité de mon esprit à être attentif à un souffle de plus en plus subtil, léger et délicat s’améliorait.