Sur le bord de la Manche, dans le Pas-de-Calais, la route circule à travers champs, dans des tranchées parfois si étroites que le Bedford en frôle les côtés. Près de Wissant, les prés sont coupés abruptement par des falaises qui plongent sur des plages infinies.

La marée de retire et laisse se dévoiler des kilomètres de plage: la ligne des eaux s’éloigne au large. En joggant plus d’une quinzaine de minutes, je parviens à peine à là où le remous des vagues mouille les pieds.

Le vent est bon. Notre cerf-volant acrobatique se brise encore une autre fois. Jeu d’enfant pour grands. Petits enfants: les laisser jouer avec des cerfs-volants à une seule corde. Sur une plage à marée basse, la tempête souffle au loin et l’horizon se voile. Je contemple ce cerf-voliste qui fait planer sa grande voile à grands efforts. Ses bras se plient, son corps s’accroupit: la voile peut le soulever quand elle effectue des virages serrés. Le silence du vent et la musique de la voile emplirent mes sens.

Quête de pain: sur un chemin de travers, nous apercevons le signe «Ferme de Marjolaine: du grain au pain». Les agriculteurs se sont souvent fait boulangers, ou faiseurs de pain, c’est selon. Et les boulangers se font désormais agriculteurs, aussi. Et meunier, évidemment. Marjolaine, jeune trentenaire, mère d’un poupon, a démarré son projet de boulangerie il y a 3 ans. Production du blé, moulin et boulangerie: les trois arts réunis. Le four à bois est impeccable, flambant neuf: des décennies de tradition réunies dans une oeuvre pérenne.

À Calais, lieu où des événements récents ont fait craindre le pire, nous sommes traversés vers le Royaume-Uni.

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