Tout un mois de juillet! Et quel début de journée...

Tout un mois de juillet! Et quel début de journée…

Depuis que nous avons acheté notre vieux Bedford 1981, tout se déroule à une vitesse grand V. Nous peinons à établir un rythme et donc à tenir à jour notre blogue. L’aventure sur la route nous mène par le bout du nez. La routine a pris le fossé, littéralement.

En bref, voici un compte-rendu de ce dernier mois.

Orsay-Ville et Les Ulis

Nous sommes demeurés près de trois semaines chez C., la mère d’une bonne amie à nous à Waterville. C. habite le quartier Montdétour à Orsay-Ville, une banlieue bien entretenue, encadrée par la banlieue moins cossue Les Ulis. Le centre de Paris est à environ 45 minutes de train RER. Mis à part un court séjour en Hongrie pour François (lire l’article), nous sommes demeurés dans la région pour explorer Paris et pour rechercher un camping-car.

Nous avons trouvé le camping-car vers la fin du mois de juin. Nous avons mis une semaine à le préparer et à nous préparer. Planification, achats pour équiper le véhicule, faire des réparations mécaniques, changer les pneus, etc. Nous avons pris la route, pour de bon, le 4 juillet.

Parc naturel régional du Perche, Basse-Normandie

Nous sommes allés visiter J.-B. et D., des amis que nous avons connus en Inde, en 2010. Lui est enseignant de yoga et elle, infirmière. Leurs deux enfants ont aujourd’hui 9 et 13 ans. Ils habitent une petite commune du Parc naturel régional du Perche, en Basse-Normandie. Sur leurs recommandations, nous avons établi nos campements de nuit dans la forêt domaniale de Réno-Valdieu, tout près de Montligeon. Une forêt mature, chose rare en France. Sous la pluie, nous avons parcouru les chemins de ce vaste territoire, lieu d’où étaient originaires les premiers colons de la Nouvelle-France, les Percherons. À Mortagne-au-Perche, les enfants ont été tentés par les multiples fromages et autres plats préparés — une paella gargantuesque pour Maël.

À La Perrière, Thierry et Cécile nous ont fait découvrir leur superbe boulangerie, La Grande Suardière. Tout y a été fait de main d’artisan. Avec une passion et une volonté d’une très grande inspiration. Le pain est sublime, cuit dans un four à bois de marque Four Grand-Mère (je veux l’un de ces fours si j’ouvre un jour ma boulangerie…). Plus d’une dizaine d’années à tout remettre sur pied, de la grange dont le toit était effondré au fournil dont la première version contenait un four incapable de fournir à la tâche. «Nous voulons offrir ce qu’il y a de mieux aux gens, pour leur santé, pour leur bien-être. Nous faisons tout, du grain jusqu’au pain. Et c’est tout bio», nous disent-ils. Un boulanger devenu agriculteur et meunier. La passion jusqu’au bout…

À la Ferme des Cabrioles, les enfants ont été captivés par les soins prodigués aux chèvres dont le lait est transformé en d’excellents fromages frais bio. Deborah et Mathieu opèrent une ferme fromagerie artisanale et biologique avec toute la fougue et le dynamisme d’un jeune couple fermier. Maintenant jeunes parents, ils sont surchargés par le travail. Ils ont bon espoir de rentabiliser la ferme d’ici quelques années, car l’établissement d’une entreprise agricole qui satisfait aux normes coûte très cher. Nous leur souhaitons courage et détermination, et beaucoup de succès!

Sur la route: vers Stockholm

À peine une semaine après avoir commencé notre voyage sur la route, nous avons entrepris un très long trajet: rejoindre Stockholm pour aller y voir la soeur de Marie-Soleil. Nous avons mis 4 jours pour parcourir 2000 km. Avec un vieux camion qui ne roule pas plus vite que 90 km/h et avec une vie familiale qui ne peut pas s’épanouir uniquement en roulant, il nous a parfois fallu toute une journée pour franchir la barre des 500 km. François se levait vers 4h30 ou 5h, démarrait le camion et conduisait alors que le reste de la famille poursuivait son sommeil sur les banquettes arrière. Deux heures plus tard, tous étaient réveillés et nous nous arrêtions pour une pause qui pouvait durer deux heures. Nous repartions jusqu’à l’heure du lunch, faisions encore une pause, et ainsi de suite. Il nous est arrivé de coucher les enfants sur les banquettes arrière vers 19h et ensuite de poursuivre la route jusqu’à 23h. Exténuant.

Surtout que notre Bedford n’est pas jeune. Pas de direction assistée. Siège un peu défoncé et court (sous les omoplates). Suspension molle qui donne l’impression que le camping-car tangue constamment. Pédales d’embrayage et d’accélération assez sèches et dures à enfoncer. Mes muscles se coincent au bout de deux heures de conduite ininterrompue. Et le bruit… Les nouveaux pneus de type renforcé font un vacarme et la caisse du véhicule est mal isolée. Le moteur fait également tout un train. Mes oreilles sillent plusieurs minutes après nous nous soyons arrêtés. Mais c’est tout ce que nous pouvions nous offrir avec nos moyens.

Un trajet de 2000 km sur l’autoroute, à 90 km/h, quand la vitesse permise est généralement 100 km/h, mais aussi souvent 110 km/h (jusqu’à 130 km/h en Allemagne), cela est désagréable. Les véhicules qui nous dépassaient à tout bout de champ exercaient une poussée latérale sur notre véhicule, à cause du déplacement d’air. Ainsi, sur 2000 km, j’ai dû tenir le volant fermement, à deux mains, et avec vigilance, en supposant qu’à tout moment je pouvais me faire doubler par un véhicule dont je ne pouvais prévoir l’arrivée. Lorsqu’on se fait dépasser par un véhicule qui roule à 140 km/h, voire 160 km/h, et qu’on roule à 90 km/h, ça décoiffe et ça surprend.

Une culture autoroutière. Nous avons dormi dans des haltes prévues à cet effet sur le bord des autoroutes. Éclairées, bien entretenues, elles étaient fréquentées par des hordes de camping-cars et de camions en transit. Sous la plus battante et dans cet environnement factice, mais des plus pratiques dans notre monde rompu à la vitesse, nous nous sommes épuisés.

Nous avons ainsi suivi un trajet qui passait par la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark et finalement la Suède. Mais franchement, nous n’avons rien vu d’autre que les autoroutes.

*

La vie est ainsi faite que j’ai perdu ce matin tout le texte que j’avais écrit sur la Suède. Simultanément, j’ai piqué une colère avec les enfants, car ceux-ci défiaient encore une fois nos consignes de sécurité par rapport à la vie dans le camping-car. Je vais aller retrouver mes esprits…

Nous sommes en Suède depuis près de deux semaines. Nous vous en redonnerons des nouvelles le plus tôt possible!