No Parking

No Parking

C’était une journée qui s’annonçait bien.

Le 3 août, nous avons soupé dans le stationnement du camping Yxningens, à Gosum. Après quelques sauts dans le lac, du haut des tremplins, nous sommes partis à la recherche d’un endroit pour la nuit. Sur la route en amont du camping, nous avons trouvé un chemin de terre qui faisait un fer à cheval avec la route goudronnée. Le chemin s’enfonçait légèrement dans la forêt. Quelques centaines de mètres plus loin, il remontait une pente abrupte pour rejoindre à nouveau la route.

En surplomb d’un champ, nous étions entourés d’arbres et étions bercés par les chants de la nature. La nuit a été brève mais bonne.

C’est en quittant notre site le matin du 4 août que ça s’est mal passé.

Pour gravir la pente rejoignant la route, j’ai chargé à plein régime. Au haut de la pente, alors que les deux roues avant touchaient au bitume et que les deux roues arrière propulsaient le véhicule avec difficulté, le moteur s’est noyé. La pente était trop abrupte pour notre vieux Bedford.

À ce moment, les freins ont cessé de fonctionner, puisque ceux-ci sont dépendants du moteur. J’ai actionné le frein manuel (frein à bras). Immobilisé, j’ai pensé redémarrer le moteur. Mais celui-ci, trop capricieux, refusait. Je me suis alors dit que la meilleure idée serait de nous laisser reculer, sur le neutre, vers le bas de la pente. Et de réessayer l’ascension.

Tout s’est passé très vite. J’ai désengagé le frein manuel. Le Bedford a reculé rapidement. Sans direction assistée, je n’ai pu contrôler notre descente et éviter le fossé sur notre gauche. Nous nous sommes enfoncés dans une cuve de mousse profonde d’environ cinquante centimètres.

J’ai hurlé: «F…! F…!» La colère et la frustration m’ont emporté. Maël, dans un léger élan de panique, criait: «Qu’est-ce qu’on fait? Qu’est-ce qu’on fait? Nous sommes pris!»

Après avoir constaté que nous avions besoin d’aide, j’ai pris mes chaussures à mon cou: «Attendez ici, je reviens quand je reviens.» En aval de cette route, à environ 500 mètres, j’ai trouvé une villégiature, une ferme ancestrale réaménagée en trois maisons de location luxueuses.

Dirk, un bon samaritain hollandais, nous a tous conduits au camping Yxningens. Rembrandt, le propriétaire du camping, a contacté un fermier qui est venu inspecter l’état de notre infortune. Sa proposition était claire: «Non, je suis désolé. Il vous faut une dépanneuse pour cela. Un tracteur serait assez fort, mais un fermier ne voudrait pas s’y risquer», a-t-il dit.

Fort heureusement, nos assurances auto en France nous ont offert une assistance routière gratuite. Pour les enfants, l’avant-midi s’était écoulée tranquillement dans le lac, pendant que je patientais à l’accueil du camping. Nous espérions en avoir fini avec notre problème avant la fin de l’après-midi. Les guêpes nous tenaient compagnie. Elles ne nous lâchaient pas. Maël s’est fait piqué au-dessus de la lèvre. Immense boursoufflure.

Contre toutes attentes, vers treize heures, Markus – beau grand jeune homme, plus d’un mètre quatre-vingt-dix, dans la vingtaine – m’a retrouvé au camping Yxningens à bord d’une dépanneuse. Lui et moi avons rejoint le campeur. Markus a procédé au sauvetage grâce à un puissant treuil et une technique éprouvée. Il a fallu moins de quarante-cinq minutes.

Soulagement, le Bedford n’a souffert d’aucun dommage.

Lorsque je roulais en direction du camping pour retrouver femme et enfants, j’ai éclaté de rire.

Je me suis stationné sur un chemin de gravier, car le stationnement du camping débordait en cette n-ième journée caniculaire. J’ai voulu faire vite, pour retrouver les miens et reprendre la route aussitôt que possible. Nous avions encore quelques heures devant nous, afin de réaliser notre cible quotidienne de 200 kilomètres. À une vitesse de 80 km/h et avec deux enfants dont la patience s’amenuise en cours de route (emportant à la dérive celle des parents), cela peut prendre jusqu’à trois heures.

No Parking
Au retour, à peine quinze minutes plus tard, un «No Parking» avait été tracé au feutre noir – permanent – sur la porte arrière du camping-car. «Quelle est cette colère que notre Bedford a éveillée aujourd’hui?», me suis-je demandé.

Nous avons levé le camp sur le champ. Comble de chance, j’ai traîné dans la cabine de pilotage une crotte de chien qui s’était collée à la semelle de mes chaussures.

P.S. Utiliser de l’acétone pour effacer sans difficulté un graffiti tracé au feutre. Ne pas oublier de faire un essai préalable sur une surface cachée du véhicule, afin de s’assurer de ne pas décaper la finition. L’auteur, Reporterra.com, ou n’importe lequel de ses partenaires — officiels ou officieux, proches ou lointains –, ou les membres de la famille ou les amis des auteurs de ce blogue ne peuvent être tenus responsable de tout dommage qui pourrait être causé à un véhicule si vous suiviez ces instructions.