Succisa pratensis<\/em>), poussent ici et sont le refuge de damiers de la succise (une esp\u00e8ce de papillon menac\u00e9e de disparition) tout aussi rares.<\/p>\nNous avons trouv\u00e9 quelques b\u00eates en bordure de la route, dans un bois\u00e9, et finalement d\u00e9couvert dans un champ limitrophe trois veaux \u00e9gar\u00e9s. Cela nous occupa environ deux heures et nous sommes retourn\u00e9s \u00e0 la ferme pour une pause midi. Ensuite nous sommes mis en marche afin d\u2019aller chercher les b\u00eates et les conduire par la route jusqu\u2019\u00e0 la ferme. \u00c9quip\u00e9s de nos b\u00e2tons pour contenir les b\u00eates, en compagnie du chien Kellen et des volontaires de la ferme, nous avons form\u00e9 une procession quelque peu al\u00e9atoire qui a d\u00e9fil\u00e9 \u00e0 travers champs, bois\u00e9s et routes.<\/p>\n
Sur des kilom\u00e8tres, Ma\u00ebl et Kaliane, radieux, suivirent de pr\u00e8s Stevan qui appelait les b\u00eates en criant \u00e0 r\u00e9p\u00e9titions\u00a0: \u00abCoooooooooooooome on! Coooooooooooooooome on! C\u2019m\u2019on, c\u2019m\u2019on, c\u2019m\u2019on!\u00bb Les enfants, qui ont cette journ\u00e9e us\u00e9 leurs semelles, se sont acquitt\u00e9s avec brio de leur t\u00e2che de gardien de troupeau. Ils trouv\u00e8rent le sommeil en quelques minutes le soir venu.<\/p>\n
Une autre journ\u00e9e, ce fut les moutons dont il a fallu se charger. Kaliane, berg\u00e8re au regard ardent, s\u2019est empress\u00e9e de contourner le troupeau pour mieux le guider vers la sortie des champs. B\u00e2ton \u00e0 la main, Ma\u00ebl et Kaliane ont collabor\u00e9 \u00e9troitement au rapatriement des b\u00eates. L\u2019une de celles-ci avait \u00e9t\u00e9 infest\u00e9e par des asticots qui lui per\u00e7aient la peau et qui pullulaient dans sa toison. Il fallut \u00e0 Tony et Stevan plus d\u2019une heure pour couper le poil des zones infest\u00e9es et racler les centaines de vers enfouis. Cette sc\u00e8ne d\u00e9plaisante ne rebuta pas les enfants qui comprirent ainsi tout le soin n\u00e9cessaire que doivent prodiguer les humains \u00e0 leurs b\u00eates.<\/p>\n
<\/p>\n
L\u2019\u00e9cole et la routine<\/strong><\/p>\nApr\u00e8s une semaine pass\u00e9e sur la ferme, nous avons progressivement trouv\u00e9 notre rythme individuel et familial. D\u00e8s 5\u00a0heures et demie, je me levais pour une s\u00e9ance de m\u00e9ditation d\u2019une heure et ensuite allait m\u2019installer au bureau pour entretenir mon site web. Apr\u00e8s quelques jours de cette routine, je ressentis un nouvel \u00e9lan de cr\u00e9ation et de production.<\/p>\n
\u00c9cole sur la ferme<\/p><\/div>\n
Les enfants s\u2019installaient \u00e0 la table de la salle \u00e0 manger avec Marie-Soleil, avant ou apr\u00e8s le d\u00e9jeuner, afin de faire quelques exercices p\u00e9dagogiques. Gr\u00e2ce \u00e0 la douceur et la bienveillance de ma compagne, les enfants ont poursuivi leurs apprentissages de nature scolaire tout en vivant au rythme des travaux de la ferme. Une fois les le\u00e7ons termin\u00e9es, ils se pr\u00e9cipitaient vers l\u2019enclos des ch\u00e8vres afin d\u2019aller offrir une courte balade aux chevreaux tenus en laisse. Les chevreaux apprennent ainsi \u00e0 s\u2019habituer \u00e0 la pr\u00e9sence humaine et seront plus dociles quand viendra le temps de les traire.<\/p>\n
Parce qu\u2019ils sont les seuls enfants sur la ferme et que nous sommes occup\u00e9s bien souvent \u00e0 toutes sortes de t\u00e2ches, Ma\u00ebl et Kaliane ont souvent \u00e9t\u00e9 laiss\u00e9s \u00e0 eux-m\u00eames. Ils s\u2019invent\u00e8rent alors des jeux, bricol\u00e8rent avec les mat\u00e9riaux qu\u2019ils trouvaient \u00e0 leur port\u00e9e et venaient parfois nous pr\u00eater main-forte dans la cuisine.<\/p>\n
Mais au bout de deux semaines, nous avons commenc\u00e9 \u00e0 trouver que cette soci\u00e9t\u00e9 adulte ne leur convenait pas bien. Ils pouvaient certes s\u2019\u00e9clater avec Andy, un wwoofeur adulescent de 29\u00a0ans, mais \u00e0 moyen terme les relations qu\u2019\u00e9tablissaient les enfants avec celui-ci n\u2019\u00e9taient pas en mesure de combler leurs besoins d\u2019enfants. Incapable de dire non, Andy subissait avec sourire les attaques et l\u2019agitation des enfants.<\/p>\n
Au bout d\u2019un certain temps, Ma\u00ebl et Kaliane ont commenc\u00e9 \u00e0 d\u00e9fier les consignes, les limites et \u00e0 se penser beaucoup plus autonomes qu\u2019ils ne sont v\u00e9ritablement, \u00e0 7 et 8\u00a0ans. Nous avons r\u00e9alis\u00e9 l\u2019effet qu\u2019avaient pu avoir trois mois de voyage sans qu\u2019ils puissent jouer avec d\u2019autres enfants.<\/p>\n
Dans la cuisine<\/strong><\/p>\nD\u00e8s le premier jour, Marie-Soleil et moi nous sommes mis au fourneau. Pain \u00e0 la levure et pizza le premier jour, en attendant que la culture d\u2019eau et farine que j\u2019ai m\u00e9lang\u00e9e se transforme en levain. Les conditions \u00e9taient si propices, que la culture eau-farine bouillonnait apr\u00e8s seulement une journ\u00e9e. Il en fallut quelques-unes de plus pour obtenir un levain mature, pr\u00e8s pour la panification.<\/p>\n
Durant trois semaines, tous les trois jours, ce fut une exp\u00e9rience boulang\u00e8re dans la cuisine. Les m\u00e9langes entre les diverses farines biologiques (blanche et enti\u00e8re) se sont succ\u00e9d\u00e9 pour le plus grand plaisir des b\u00e9n\u00e9voles et des wwoofeurs. La panification au levain a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 des formes et des saveurs inattendues pour ces derniers, habitu\u00e9s \u00e0 d\u2019autres mies et d\u2019autres cro\u00fbtes. Ce n\u2019est pas sans frustration que j\u2019ai appris \u00e0 domestiquer le four au gaz et le four \u00e0 convection, le second \u00e9tant devenu mon plus fid\u00e8le alli\u00e9.<\/p>\n
Un matin, le m\u00e9lange eau, farine et levure que j\u2019avais pr\u00e9par\u00e9 la veille \u00e9tait pr\u00eat \u00e0 5\u00a0heures. En pleine forme, j\u2019ai p\u00e9tri une p\u00e2te \u00e0 pain que j\u2019ai ensuite divis\u00e9e et fa\u00e7onn\u00e9e vers 6 heures et demie. Alan, un wwoofeur \u00e9cossais qui nous a envo\u00fbt\u00e9s en jouant de la cornemuse chaque fin d\u2019apr\u00e8s-midi, s\u2019est point\u00e9 \u00e0 la cuisine vers 8\u00a0heures en maugr\u00e9ant\u00a0: \u00abTu es fou! Ce tapage dans la cuisine \u00e0 5\u00a0heures et ensuite \u00e0 6\u00a0heures et demie!\u00bb Sa chambre \u00e9tant situ\u00e9e au haut de l\u2019escalier donnant sur la cuisine, il avait \u00e9t\u00e9 r\u00e9veill\u00e9 par mon activit\u00e9. L\u00e8ve-tard, il avait certes raison de se plaindre. Mais en ce dimanche magnifique o\u00f9 nous partions vers 11\u00a0heures pour aller faire une randonn\u00e9e sur la c\u00f4te galloise, il me fallait sortir les pains du four avant notre d\u00e9part. Ce fut chose faite! Et tous se r\u00e9jouirent d\u2019avoir du bon pain sur la planche. Alan inclus.<\/p>\n
Marie-Soleil a pris la rel\u00e8ve de Sue \u00e0 la cuisine. Durant trois semaines, elle a pr\u00e9par\u00e9 presque tous les soupers pour une douzaine de personnes. Vers 14 ou 15 heures, elle allait cueillir les ingr\u00e9dients du souper dans le potager. Ensuite, elle s\u2019installait \u00e0 la table et pr\u00e9parait jusqu\u2019\u00e0 18\u00a0heures des repas qui ont \u00e9merveill\u00e9 tout le monde\u00a0: quiches, desserts, l\u00e9gumes cuits longuement au four, chili et, r\u00e9guli\u00e8rement, des plats de viande (veau, porc, b\u0153uf, tous \u00e9lev\u00e9s et transform\u00e9s localement) pour les carnivores ind\u00e9fectibles.<\/p>\n
Lors de notre dernier souper sur la ferme, nous avons cuisin\u00e9 un grand festin indien\u00a0: chapatis<\/em> (pains plats non lev\u00e9s, cuits sur une plaque), dal<\/em> (lentilles), curry de pois chiches, l\u00e9gumes m\u00e9lang\u00e9s, pommes de terre et \u00e9pinards, curry d\u2019agneau et, pour le dessert, pouding au riz (kir) traditionnel (aromatis\u00e9 \u00e0 la cardamome et aux raisins secs). Ce fut une mani\u00e8re de marquer avec passion et gourmandise notre passage sur la ferme.<\/p>\nQuotidiennement, Peter questionnerait Marie-Soleil\u00a0de son ton de voix naturellement fort et profond, \u00abDe la viande ce soir?\u00bb, tel un lion affam\u00e9 de viande sanguinolente. Aussi, il r\u00e9p\u00e9ta plusieurs fois\u00a0:<\/p>\n
\u00abSue, elle cuisine toujours trop tard! Nous mangeons \u00e0 21\u00a0heures! Mon Dieu!<\/p>\n
— Oui, lui r\u00e9pondis-je, elle est si occup\u00e9e dans le potager qu\u2019elle ne peut pas cuisiner plus t\u00f4t. Elle r\u00e9colte les l\u00e9gumes que nous mangeons le soir. Sinon, nous n\u2019aurions rien \u00e0 manger!<\/p>\n
— Oh! Oui! C\u2019est vrai ce que tu dis.\u00bb<\/p>\n
Fraggle, quant \u00e0 lui, refusait syst\u00e9matiquement de manger des l\u00e9gumineuses. Il argumentait que celles-ci sont responsables de l\u2019\u00e9mission de beaucoup de gaz \u00e0 effet de serre parce qu\u2019elles sont produites \u00e0 des milliers de kilom\u00e8tres de leur lieu de consommation. \u00abJe ne veux manger que ce qui est produit localement. Mieux vaut manger de la viande et des l\u00e9gumes locaux, que des l\u00e9gumineuses \u00e9trang\u00e8res\u00bb, soutenait-il. Pour lui, m\u00eame la production biologique de l\u00e9gumineuses \u00e0 l\u2019\u00e9tranger ne pouvait compenser pour l\u2019empreinte carbone.<\/p>\n
Mais y a-t-il plus que l\u2019\u00e9mission de gaz \u00e0 effet de serre qui compte dans le calcul de nos choix alimentaires? Est-ce que \u00ablocal\u00bb signifie n\u00e9cessairement moins de gaz \u00e0 effet de serre? Ne devrions-nous pas tenir compte du travail humain et des conditions sociales qu\u2019engendrent diverses formes de production? Je continuais de m\u2019interroger quand, un soir o\u00f9 chacun cuisinait pour soi, Fraggle a r\u00e9chauff\u00e9 des petits pois verts, des pommes de terre pil\u00e9es et de la viande, le tout provenant de conserves ni locales ni biologiques, produites par une m\u00e9ga-industrie alimentaire.<\/p>\n
Et que dire de ces fritures \u00e0 grande huile qu\u2019Alan se faisait tous les matins? L\u2019odeur suintait par tous les orifices de la cuisine et \u00e9crasait l\u2019atmosph\u00e8re jusqu\u2019\u00e0 une dizaine de m\u00e8tres du b\u00e2timent. Nous ne nous en sommes pas plaints ouvertement. Mais nous ne pouvions comprendre comment il est possible de valoriser l\u2019agriculture biologique et les communaut\u00e9s volontaires tout en mangeant si mal (des toasts beurre et confiture, avec un th\u00e9, pour le lunch) et en pestant contre la bonne volont\u00e9 de ceux qui se l\u00e8vent t\u00f4t pour garnir le garde-manger de la ferme. Je ne veux pas pr\u00eacher par exc\u00e8s de vertu, mais je me questionne quand je d\u00e9tecte certaines valeurs individuelles qui me semblent contraires au sens m\u00eame d\u2019une communaut\u00e9 volontaire.<\/p>\n
<\/p>\n
Au march\u00e9 de Pontyberem<\/strong><\/p>\nLes r\u00e9coltes excellent. Elles n\u2019ont jamais \u00e9t\u00e9 aussi abondantes. Depuis que le Royaume-Uni maintient un livre des records saisonniers, jamais n\u2019y avait-il eu un \u00e9t\u00e9 aussi beau et sec. Alors que la m\u00e9t\u00e9o a \u00e9t\u00e9 beaucoup moins cl\u00e9mente en Belgique et en France au cours de l\u2019\u00e9t\u00e9\u00a02014, elle a \u00e9t\u00e9 splendide en Scandinavie et au Royaume-Uni. Abondance des r\u00e9coltes, donc, mais peu de consommateurs sur les march\u00e9s. Malgr\u00e9 la beaut\u00e9 des l\u00e9gumes et leur qualit\u00e9 biologique, peu de gens en r\u00e9gion et en ville sont \u00e9veill\u00e9s \u00e0 une alimentation saine.<\/p>\n
Les march\u00e9s n\u2019ont pas \u00e9t\u00e9 la manne esp\u00e9r\u00e9e pour Banc Organics, cet \u00e9t\u00e9. \u00c0 Carmarthen, le nouveau march\u00e9 fermier n\u2019a pas encore fait ses preuves. Une longue journ\u00e9e de 9\u00a0heures \u00e0 15\u00a0heures n\u2019a pas permis d\u2019amasser ne serait-ce que de l\u2019argent de poche\u00a0: \u00abJe croyais qu\u2019il suffirait de pr\u00e9senter mes l\u00e9gumes, ils sont si beaux, dit-elle, et que les gens s\u2019arr\u00eateraient pour en acheter. Mais ils ne nous connaissent pas et quand ils arrivent \u00e0 notre table, ils ont d\u00e9j\u00e0 fait leurs emplettes.\u00bb<\/p>\n
\u00c0 Pontyberem, \u00e0 quelques kilom\u00e8tres sous Bancffosfelen, tout au bas d\u2019une c\u00f4te raide et interminable, Marie-Soleil et moi avons ajout\u00e9 \u00e0 l\u2019offre maraich\u00e8re nos propres pains et plats cuisin\u00e9s. Autour de la grande salle communautaire se sont install\u00e9s des artisans et des cuisiniers domestiques. Ce march\u00e9 mensuel ressemblait plus \u00e0 un cercle fermier qu\u2019\u00e0 un march\u00e9 rural dynamique. En cette journ\u00e9e radieuse, il y avait plus de vendeurs que d\u2019acheteurs. Quelques-uns ont achet\u00e9 nos pains et nos quiches. Nous sommes retourn\u00e9s \u00e0 la ferme les bras charg\u00e9s des surplus qui ont fait le bonheur des volontaires.<\/p>\n
Un jour, Sue a contempl\u00e9 la table de la cuisine recouverte de divers plats, de pains et de desserts. Elle s\u2019est exclam\u00e9e\u00a0: \u00abC\u2019est ce dont j\u2019ai toujours r\u00eav\u00e9 pour Tir Eithin. C\u2019est comme un r\u00eave devenu r\u00e9alit\u00e9!\u00bb Cette ambiance dans la cuisine, o\u00f9 nous nous affairons \u00e0 mijoter plusieurs plats pour chacun des soupers, r\u00e9unit les gens. Le labeur dans les champs parvient ici \u00e0 maturit\u00e9. Le labeur \u00e9crase Sue, elle n\u2019a pas le temps de se consacrer \u00e0 la cuisine. Mais la vision de cette cuisine la r\u00e9jouit, lui fait sentir que le projet de Tir Eithin est r\u00e9alisable.<\/p>\n
Dans le potager<\/strong><\/p>\nSur la ferme, nous avons commenc\u00e9 \u00e0 nous d\u00e9tendre, apr\u00e8s des semaines sur la route. J\u2019ai eu mal au dos et aux \u00e9paules \u2013 la faute peut-\u00eatre de mon enthousiasme \u00e0 lancer des ballots de foin \u00e0 bout de bras. Marie-Soleil a eu un feu sauvage, signe que nous \u00e9tions en train d\u2019expier le stress caus\u00e9 par le poids de la conduite, de la mobilit\u00e9 perp\u00e9tuelle et l\u2019absence de routine.<\/p>\n
Potager de la ferme Tir Eithin<\/p><\/div>\n
Le contact direct avec la nature, au quotidien, nous a fait un grand bien. Le soleil, le vent, la terre, la farine, les l\u00e9gumes du potager sont devenus l\u2019expression d\u2019un rythme lent qu\u2019il nous faisait bon retrouver. La premi\u00e8re semaine, nous avons dormi de tr\u00e8s longues nuits, jusqu\u2019\u00e0 10\u00a0heures de sommeil.<\/p>\n
Les cueillettes des l\u00e9gumes pour les march\u00e9s et pour les sacs des membres a occup\u00e9 deux journ\u00e9es par semaine. Dans les serres et dans les champs, nous avons cueilli poivrons verts, tomates de toutes sortes, concombres, ail, haricots verts et runner beans<\/em>, poireaux, oignons, betteraves, kale, choux, laitues, carottes, framboises, courgettes et j\u2019en passe.<\/p>\nMarie-Soleil adore jardiner, mettre ses mains dans la terre et travailler \u00e0 un rythme lent impos\u00e9 par la d\u00e9licatesse ou la minutie des t\u00e2ches \u00e0 ex\u00e9cuter. Quant \u00e0 moi, je pr\u00e9f\u00e8re avoir les mains pleines, occup\u00e9es \u00e0 des t\u00e2ches plus grossi\u00e8res, imposantes. La cueillette et le d\u00e9sherbage, tr\u00e8s peu pour moi. Les t\u00e2ches demandant plus d\u2019efforts physiques m\u2019interpellent, mais je ne peux me tenir courb\u00e9 au-dessus d\u2019une fourche ou d\u2019une pelle plus d\u2019une dizaine de minutes. Mon dos en souffre. Le pain m\u2019appelle et, \u00e0 y r\u00e9fl\u00e9chir, combine tous les \u00e9l\u00e9ments qu\u2019il faut pour nourrir en moi une passion intense.<\/p>\n
<\/p>\n
Tools for Self-Reliance<\/strong><\/p>\nDans un petit atelier am\u00e9nag\u00e9 dans l\u2019arri\u00e8re-cour, Colin re\u00e7oit hebdomadairement des b\u00e9n\u00e9voles qui viennent aider \u00e0 r\u00e9parer des outils de toutes sortes. Les scies, rabots, pelles, pioches, marteaux, vilebrequins peuplent les tablettes et attendent qu\u2019une main passionn\u00e9e lui redonne vie.<\/p>\n
Outils restaur\u00e9s par des volontaires de Tools for Self-Reliance<\/p><\/div>\n
Ces vieux outils sont r\u00e9colt\u00e9s par Tools for Self-Reliance<\/a>, un OBNL fond\u00e9 en 1980 au Royaume-Uni. Les outils sont restaur\u00e9s, r\u00e9par\u00e9s et remis \u00e0 neuf par des b\u00e9n\u00e9voles. Ils sont ensuite envoy\u00e9s par conteneurs en Tanzanie o\u00f9 des OBNL redistribuent les coffres d\u2019outils assembl\u00e9s sur mesure \u00e0 des paysans. Ceux-ci re\u00e7oivent alors une formation technique qui leur permettra d\u2019apprendre un m\u00e9tier et de mettre \u00e0 profit leurs nouveaux outils.<\/p>\n\u00abL\u2019effet est direct, dit Colin. Les gens n\u2019ont pas moyen d\u2019apprendre de m\u00e9tier, n\u2019ont pas non plus les outils pour passer \u00e0 l\u2019action. Nous restaurons les outils et les remettons dans le meilleur \u00e9tat possible, pour qu\u2019ils soient beaux et fonctionnels. Cela donnera envie aux gens qui les re\u00e7oivent de les utiliser avec soin.\u00bb<\/p>\n
Colin, volontaire pour Tools for Self-Reliance<\/p><\/div>\n
Plusieurs ateliers sont \u00e9tablis au Royaume-Uni. Celui-ci, \u00e0 Bancffosfelen, accueillait trois volontaires en plus de Colin lorsque j\u2019y suis all\u00e9. Muni d\u2019une lame de couteau en acier, je m\u2019\u00e9tais fix\u00e9 pour objectif de lui fabriquer un nouveau manche de bois. Dans une petite boite remplie de coupures de bois franc, j\u2019ai trouv\u00e9 un morceau dont l\u2019\u00e9paisseur semblait adapt\u00e9e \u00e0 mes besoins. Tra\u00e7age, d\u00e9coupage \u00e0 la main, sablage, per\u00e7age et ensuite pose de tiges d\u2019acier pour riveter le nouveau manche \u00e0 la lame, j\u2019ai obtenu un couteau d\u2019acier inoxydable bien tranchant et \u00e0 fi\u00e8re allure. C\u2019est avec la gorge nou\u00e9e que j\u2019offris en cadeau ce couteau \u00e0 Tony la veille de notre d\u00e9part.<\/p>\n
Altruisme<\/strong><\/p>\nSur la ferme, Marie-Soleil et moi avons fait le choix de nous rendre disponibles pour autrui, en offrant ce que nous savons le mieux faire sans rien esp\u00e9rer en retour. Nous avons tout de m\u00eame recherch\u00e9 quels \u00e9taient nos motifs d\u2019appartenance \u00e0 cette communaut\u00e9 bigarr\u00e9e.<\/p>\n
Tony souligna quelques fois, durant notre s\u00e9jour, ce qui fait l\u2019esprit de Tir Eithin\u00a0: \u00abHere we are! We\u2019re all different, with our own shortcomings, but we need each other, and we can work together. This is wonderful!<\/em>\u00bb (\u00abC’est comme \u00e7a! Nous sommes tous diff\u00e9rents, avec nos d\u00e9fauts \u00e0 chacun, mais nous avons besoin les uns des autres et nous pouvons travailler ensemble. C\u2019est merveilleux!\u00bb)<\/p>\nMarie-Soleil compara une fois Tir Eithin \u00e0 un centre d\u2019accueil non pas juste pour les personnes souffrant de maladie mentale, mais pour les fauch\u00e9s et d\u00e9poss\u00e9d\u00e9 de ce monde. C\u2019\u00e9tait bien l\u2019endroit o\u00f9 nous avions besoin de nous retrouver quelque temps.<\/p>\n
L\u2019automne est arriv\u00e9 le 23 septembre. Cette journ\u00e9e du solstice fut bien diff\u00e9rente sur la ferme. Les jours d\u2019\u00e9t\u00e9 avaient \u00e9t\u00e9 cl\u00e9ments, chauds et ensoleill\u00e9s. D\u00e8s ce changement de saison, la temp\u00e9rature a chut\u00e9 brusquement, le brouillard est arriv\u00e9 et les journ\u00e9es de pluie fine se sont succ\u00e9d\u00e9. Nous goutions enfin au climat gallois habituel.<\/p>\n
Nous avons alors annonc\u00e9 notre d\u00e9part de la ferme, apr\u00e8s trois semaines d\u2019excellente compagnie, somme toute.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
Lors de notre d\u00e9part de Gloucester, en direction de la ferme Tir Eithin, dans le comt\u00e9 du Carmarthensire, au pays de Galles, nous \u00e9tions l\u00e9gers….<\/p>\n","protected":false},"author":2,"featured_media":726,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_monsterinsights_skip_tracking":false,"_monsterinsights_sitenote_active":false,"_monsterinsights_sitenote_note":"","_monsterinsights_sitenote_category":0,"_jetpack_memberships_contains_paid_content":false,"footnotes":"","jetpack_publicize_message":"Tir Eithin: donner et recevoir | Un r\u00e9cit sur Reporterra.com","jetpack_publicize_feature_enabled":true,"jetpack_social_post_already_shared":true,"jetpack_social_options":{"image_generator_settings":{"template":"highway","enabled":false}}},"categories":[20,44],"tags":[99,78,142,79,85],"jetpack_publicize_connections":[],"jetpack_featured_media_url":"https:\/\/reporterra.com\/wp-content\/uploads\/2014\/10\/IMG_0130.jpg","jetpack_sharing_enabled":true,"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/722"}],"collection":[{"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/users\/2"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=722"}],"version-history":[{"count":7,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/722\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":736,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/722\/revisions\/736"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/media\/726"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=722"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=722"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=722"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}