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{"id":722,"date":"2014-10-04T06:59:47","date_gmt":"2014-10-04T10:59:47","guid":{"rendered":"http:\/\/reporterra.com\/?p=722"},"modified":"2015-03-13T21:48:27","modified_gmt":"2015-03-14T01:48:27","slug":"tir-eithin-donner-et-recevoir","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/reporterra.com\/tir-eithin-donner-et-recevoir\/","title":{"rendered":"Tir Eithin: donner et recevoir"},"content":{"rendered":"

Lors de notre d\u00e9part de Gloucester<\/a>, en direction de la ferme Tir Eithin, dans le comt\u00e9 du Carmarthensire, au pays de Galles, nous \u00e9tions l\u00e9gers. Il faisait bon quitter les odeurs huileuses des garages environnants et le parfum du b\u00e9ton chauff\u00e9 par de belles journ\u00e9es ensoleill\u00e9es. Rien de pire que les stationnements pour les caravaniers en qu\u00eate de nature et de for\u00eat.<\/p>\n

Cela faisait quatre nuits que nous campions dans un stationnement de garage. Cinq jours \u00e0 patienter dans une ville sans grands attraits, mais dont le caract\u00e8re populaire et ordinaire nous a plu.<\/p>\n

En quittant le garage situ\u00e9 au fond d\u2019une aire industrielle, nous exaltions. J\u2019ai cri\u00e9 \u00abYiiiiiiiii hah!\u00bb en appuyant \u00e0 fond sur l\u2019acc\u00e9l\u00e9rateur et en sentant (enfin!) les vitesses s\u2019enclencher les unes apr\u00e8s les autres. Nous pouvions d\u00e9sormais aller vers un objectif pr\u00e9cis, \u00e0 la rencontre des gens de la ferme Tir Eithin.<\/p>\n

Le pays de Galles est habit\u00e9 depuis longtemps. Les flancs des collines sont divis\u00e9s nettement. Les carr\u00e9s cl\u00f4tur\u00e9s et bois\u00e9s \u00e0 leurs fronti\u00e8res encadrent des pr\u00e9s \u00e0 perte de vue. Les murets de pierres des champs qui bordent les chemins \u2013 t\u00e9moins silencieux du labeur de la terre \u2013 sont surmont\u00e9s de v\u00e9g\u00e9tation dense. Les routes sont comme des tunnels, parfois une vo\u00fbte sylvestre cr\u00e9e un d\u00e9cor envo\u00fbtant, quand le regard cherche au bout de la route la lumi\u00e8re \u00e0 travers les branches. Nous d\u00e9filons \u00e0 bord de notre campeur \u00e0 une vitesse qui nous est enivrante, pourtant nous roulons lentement. Les passages entre deux murets sont parfois si \u00e9troits que nos c\u0153urs palpitent. Et si un autre v\u00e9hicule arrivait subitement \u00e0 contresens?<\/p>\n

Nous ne pouvons rouler vite dans ces c\u00f4tes, ces virages et ces conduits b\u00e9tonn\u00e9s pour charrettes modernes. Quand les gens nous disent qu\u2019un trajet nous prendra une heure sur la route, nous \u00e9valuons qu\u2019il nous en faudra presque le double. Notre vieux Bedford rechigne dans les c\u00f4tes. En premi\u00e8re vitesse, \u00e0 20\u00a0km\/h, parfois sur des mont\u00e9es interminables, surtout ne pas avoir \u00e0 s\u2019arr\u00eater. Dans les descentes, le Bedford tangue, les freins sont bien actifs et le moteur, en compression. Nous sommes bien les plus lents, ici comme sur l\u2019autoroute. En trois mois de road trip, nous avons d\u00e9pass\u00e9 seulement une poign\u00e9e de v\u00e9hicules\u2026 seulement des tracteurs.<\/p>\n

Il \u00e9tait tard quand nous sommes arriv\u00e9s. Les deux aiguilles se superposaient presque \u00e0 la verticale. Dans cette noirceur presque totale, nous ne pouvions distinguer cette pierre pos\u00e9e sur un muret, sur laquelle \u00e9tait \u00e9crit \u00abTir Eithin\u00bb. Nous nous sommes pos\u00e9s, sans encore le savoir, tout pr\u00e8s des terres communales. Au matin, un gaillard promenant son chien aux premi\u00e8res lueurs du jour nous a gaiement salu\u00e9 en gallois.<\/p>\n

Nous sommes devenus wwoofeurs<\/strong><\/p>\n

Pour nous poser quelque temps au Royaume-Uni, pour y rencontrer des gens et de nous int\u00e9grer dans des milieux ruraux, nous nous sommes inscrits sur le r\u00e9seau Wwoof du Royaume-Uni. En \u00e9change de nos services et de notre aide en tant que wwoofeurs (Wwoof: World wide opportunities on organic farms<\/em><\/a>), les h\u00f4tes du r\u00e9seau Wwoof offrent logement et nourriture.<\/p>\n

La ferme Tir Eithin avait besoin, et a toujours besoin, de wwoofeurs pour pr\u00eater main forte aux travaux de la ferme. Ils avaient en quelque sorte besoin de nous. Mais nous avions, finalement, peut-\u00eatre plus besoin d\u2019eux qu\u2019eux avaient besoin de nous. Nous \u00e9tions fauch\u00e9s et le sommes encore un peu. L\u2019Europe se paie cher et en choisissant une autocaravane plut\u00f4t que la marche ou le v\u00e9lo, nous avons fait le choix d\u2019un certain confort et d\u2019une certaine facilit\u00e9 (voir autres articles<\/a>).<\/p>\n

Notre premi\u00e8re journ\u00e9e comme wwoofeurs s\u2019est d\u00e9roul\u00e9e calmement, la fatigue des jours pr\u00e9c\u00e9dents nous ayant rattrap\u00e9s. Plusieurs nuits nous furent n\u00e9cessaires pour enfin parvenir \u00e0 se lever aux premi\u00e8res lueurs du jour. C\u2019est dans cet \u00e9tat interm\u00e9diaire que nous avons cueilli les haricots et les concombres pour le march\u00e9.<\/p>\n

Les enfants rayonnaient de bonheur, leur joie \u00e9manant de ce d\u00e9sir inassouvi de soigner des animaux de ferme. Kellen, un collie nerveux, toujours sur le qui-vive, et d\u2019une compagnie fort enjou\u00e9e, a imm\u00e9diatement adopt\u00e9 Ma\u00ebl et Kaliane qui lui lan\u00e7aient des bouts de bois. La t\u00e2che de balader les chevreaux, tenus en laisse, fut \u00e9galement confi\u00e9e aux enfants. Ceux-ci se sont merveilleusement bien acquitt\u00e9s de cette t\u00e2che durant tout notre s\u00e9jour.<\/p>\n

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Le lieu dit \u00ab\u00e9pineux\u00bb<\/strong><\/p>\n

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Eithin, la plante \u00e9pineuse<\/p><\/div>\n

La ferme Tir Eithin est situ\u00e9e au bas d\u2019un chemin tr\u00e8s abrupt, sur le versant sud en amont de la rivi\u00e8re Gwendraeth Fawr, l\u2019une des deux rivi\u00e8res du comt\u00e9 du Carmarthensire. Les 80 acres qu\u2019occupe la ferme surplombent des villages qui doivent leur existence \u00e0 l\u2019exploitation de l\u2019anthracite plus bas dans la vall\u00e9e, il y a de cela de nombreuses ann\u00e9es.<\/p>\n

La ferme doit son nom \u00e0 la plante \u00e9pineuse \u00abeithin\u00bb, un mot gallois, qui envahit les champs avec les ronces et les m\u00fbriers et que seules les ch\u00e8vres adorent brouter. \u00abTir\u00bb, c\u2019est l\u2019endroit, la place, le lieu. Les noms sont l\u2019empreinte des lieux, des gens, de leurs bonheurs et de leurs malheurs. La simplicit\u00e9 po\u00e9tique fait vivre ceux-ci dans la m\u00e9moire, dans la tradition, d\u2019une g\u00e9n\u00e9ration \u00e0 l\u2019autre. Un homme saoul, que rencontra autrefois Tony aux limites de ses champs, lui parla de l\u2019histoire de ce pr\u00e9, et de celle de celui-l\u00e0, en jurant\u00a0: \u00abCes champs appartenaient \u00e0 ma famille!\u00bb Comme si le temps n\u2019effa\u00e7ait que partiellement les sentiments d\u2019appartenance qui se transmettent d\u2019un parent \u00e0 ses enfants.<\/p>\n

Un projet \u00e0 but non lucratif<\/strong><\/p>\n

Durant plus de vingt ans, ce fut un troupeau d\u2019une dizaine de vaches laiti\u00e8res qui fit vivre Tir Eithin, un organisme \u00e0 but non lucratif (OBNL) dont la mission est entre autres de servir de centre d\u2019accueil pour des personnes qui ont des besoins sp\u00e9cifiques. Une coop\u00e9rative recueillait le lait biologique pour le mettre en march\u00e9, mais celle-ci a cess\u00e9 de s\u2019approvisionner chez les petits producteurs quand l\u2019entreprise a grandi. La ferme ne put plus trouver de d\u00e9bouch\u00e9 pour son lait. En apprenant les principes directeurs de l\u2019agriculture soutenue par la communaut\u00e9 (ASC), la ferme s\u2019est convertie en bonne partie vers la production maraich\u00e8re en fondant l\u2019OBNL Banc Organics (site web<\/a> et page Facebook<\/a>), tout en conservant un troupeau d\u2019une quarantaine de b\u00eates pour la production de viande. \u00c0 cela s\u2019ajoutent les quelques dizaines de moutons et trois ch\u00e8vres avec leurs chevreaux.<\/p>\n

Le mod\u00e8le de l\u2019ASC n\u2019est pas organis\u00e9 au pays de Galles. Les maraichers sont laiss\u00e9s \u00e0 eux-m\u00eames et c\u2019est gr\u00e2ce \u00e0 leur volont\u00e9 qu\u2019ils parviennent \u00e0 tisser, tr\u00e8s lentement, des r\u00e9seaux de consommateurs et de producteurs. Banc Organics a choisi l\u2019ASC malgr\u00e9 tout afin de d\u00e9velopper leur vision d\u2019une agriculture nourrici\u00e8re, au service de la communaut\u00e9.<\/p>\n

Banc Organics est ainsi n\u00e9 avec tr\u00e8s peu de moyens financiers, si ce ne sont les 5000 livres britanniques qu\u2019un philanthrope a offertes au projet. La premi\u00e8re ann\u00e9e, les membres-volontaires n\u2019ont pu s\u2019acheter ni d\u2019outils ni de semences. Ce fut gr\u00e2ce \u00e0 la g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9 d\u2019autrui qu\u2019ils sont parvenus \u00e0 semer et r\u00e9colter des l\u00e9gumes biologiques. Les premiers champs \u00e9taient situ\u00e9s \u00e0 Top Meadow, \u00e0 une trentaine de minutes de marche de Tir Eithin. Ce n\u2019est que durant les deuxi\u00e8me et troisi\u00e8me ann\u00e9es d\u2019exploitation que la ferme Tir Eithin d\u00e9fricha et cultiva de nouveaux potagers.<\/p>\n

Les principaux points de chute pour les membres du programme ASC de Banc Organics sont situ\u00e9s entre Llanelli et Carmarthen, dans la vall\u00e9e de la rivi\u00e8re Gwendraeth. Plusieurs membres re\u00e7oivent \u00e9galement leurs sacs directement \u00e0 leurs portes. Cela cr\u00e9e un travail immense pour les volontaires et les employ\u00e9s de la ferme. Il serait bien s\u00fbr \u00e0 l\u2019avantage de la ferme si des points de chute fixes et limit\u00e9s \u00e9taient \u00e9tablis.<\/p>\n

La culture de l\u2019ASC n\u2019\u00e9tant pas tr\u00e8s forte dans la r\u00e9gion, les volontaires de la ferme semblent vouloir faire le maximum d\u2019efforts pour satisfaire leurs membres. Le recrutement n\u2019est pas non plus tr\u00e8s dynamique et cela simplifierait les affaires de la ferme si les acheteurs du march\u00e9 de Ferryside devenaient membres. Mais Sue souligne\u00a0: \u00abIls pr\u00e9f\u00e8rent venir acheter sur place, pour avoir le choix.\u00bb Nous avons alors sugg\u00e9r\u00e9 \u00e0 Sue d\u2019installer des points de chute o\u00f9 les membres choisiraient eux-m\u00eames les l\u00e9gumes auxquels ils ont droit hebdomadairement.<\/p>\n

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Des volontaires de tous horizons<\/strong><\/p>\n

\u00c0 Tir Eithin, il n\u2019y a pas de propri\u00e9taires individuels. Tous sont des volontaires d\u00e9di\u00e9s \u00e0 la cause de l\u2019agriculture biologique, du d\u00e9veloppement durable et de la conservation de la nature.<\/p>\n

Tony\u00a0a compl\u00e9t\u00e9 un doctorat en foresterie et s\u2019est sp\u00e9cialis\u00e9 \u00e0 propos des termites des for\u00eats tropicales amazoniennes. C\u2019\u00e9tait il y a environ 40\u00a0ans. Aujourd\u2019hui septuag\u00e9naire, il a refait sa vie apr\u00e8s l\u2019universit\u00e9, en qu\u00eate de plus d\u2019espaces libres, hors des salles de laboratoires et loin de l\u2019oculaire des microscopes. En 1976, il s\u2019est install\u00e9 \u00e0 Tir Eithin.<\/p>\n

Il cultive une vision bienveillante et compatissante de l\u2019agriculture. Jamais il ne s\u2019imaginerait quitter sa r\u00e9gion pour aller, par exemple, au Canada o\u00f9 il lui semble que le climat politique va mieux. \u00abTout ce que j\u2019ai eu la chance de vivre et de recevoir dans ma vie, c\u2019\u00e9tait au Royaume-Uni, dit-il. J\u2019esp\u00e8re pouvoir redonner \u00e0 mon pays, m\u00eame les gens ne s\u2019attendent pas \u00e0 ce que j\u2019ai \u00e0 leur offrir. Je n\u2019irais pas ailleurs, malgr\u00e9 l\u2019approche capitaliste et conservatrice des torys.\u00bb Tony rayonne l\u2019\u00e9quanimit\u00e9 alors que les conditions de vie sont mat\u00e9riellement pauvres sur la ferme. \u00abC\u2019est comme cela depuis 1976!\u00bb dit-il en souriant. Son attitude contribue \u00e0 donner du souffle et de l\u2019inspiration \u00e0 cette communaut\u00e9 fortuite.<\/p>\n

Sue a suivi, il y a tr\u00e8s longtemps, une formation universitaire en agriculture. Elle a uni son destin \u00e0 celui de Tony plusieurs ann\u00e9es apr\u00e8s l\u2019arriv\u00e9e de celui-ci \u00e0 Tir Eithin. C\u2019est elle qui coordonne la production maraich\u00e8re, avec Martin qui a aussi fait partie de l\u2019\u00e9quipe fondatrice de Banc Organics. Soucieuse, pr\u00e9occup\u00e9e et le ton bas, elle travaille avec acharnement au succ\u00e8s de la mission de la ferme.<\/p>\n

Peter, atteint du syndrome d\u2019Asperger, a \u00e9t\u00e9 accueilli sur la ferme au d\u00e9but des ann\u00e9es\u00a01980. Il avait 23 ans \u00e0 l\u2019\u00e9poque. Sa maison d\u2019accueil pr\u00e9c\u00e9dente avait remarqu\u00e9 son fort caract\u00e8re. Les responsables avaient justement pens\u00e9 qu\u2019une nouvelle demeure, sur une ferme, allait pouvoir lui donner des t\u00e2ches physiques \u00e0 la hauteur de son \u00e9nergie. Cela plaisait \u00e0 Tony, qui accepta alors la venue d\u2019un nouveau membre sur la ferme. D\u2019autres personnes n\u00e9cessitant des soins particuliers avaient s\u00e9journ\u00e9 sur la ferme, mais leur flegme et leur manque d\u2019\u00e9nergie ne les pr\u00e9disposait pas \u00e0 une vie active. Cela ne pouvait fonctionner en ces lieux assez rudes.<\/p>\n

Peter ex\u00e9cute quotidiennement la m\u00eame routine. Lev\u00e9 aux petites heures, il allume son poste radio ou son lecteur CD et \u00e9coute \u00e0 plein volume ses disques pr\u00e9f\u00e9r\u00e9s de musique classique. \u00abBerlioz, c\u2019est le plus grand! Il est classique, pas moderne, mais il est si dramatique!\u00bb, se plait-il \u00e0 nous r\u00e9p\u00e9ter sans cesse, oubliant la derni\u00e8re fois o\u00f9 il nous a fait un expos\u00e9 d\u00e9taill\u00e9 de ses go\u00fbts musicaux. Sa voix est comme celle d\u2019un t\u00e9nor, mais \u00e0 d\u00e9faut de savoir chanter — \u00abOh! Mon Dieu! Jamais je ne voudrais chanter!\u00bb s\u2019exclame-t-il \u2013 il expulse les mots comme s\u2019il s\u2019\u00e9tait retenu de respirer pendant une minute et qu\u2019il devait parvenir \u00e0 tout dire en un souffle.<\/p>\n

\u00c0 l\u2019heure du d\u00e9jeuner, quand notre famille est r\u00e9unie autour de la table, autour de 7 heures, il est le premier \u00e0 se joindre \u00e0 notre table. Il fait bouillir l\u2019eau pendant que coule l\u2019eau de son bain. Brusquement, quand la bouilloire se met \u00e0 siffler, il s\u2019empresse, dans l\u2019urgence, de se lever et de saisir \u00e0 mains nues le bouchon br\u00fblant pos\u00e9 sur le bec de la bouilloire. \u00abBloody hell! It\u2019s burning hot!<\/em>\u00bb (Bon sang! C\u2019est br\u00fblant!), jure-t-il toutes les fois, sans exception. Plus tard dans la journ\u00e9e, il sort au village ou en ville rencontrer diverses personnes et revient, plus tard en apr\u00e8s-midi, couper du bois et entretenir son potager. Les t\u00e2ches manuelles sont son exutoire, des activit\u00e9s o\u00f9 il peut ext\u00e9rioriser sa grogne et mettre sa force physique \u00e0 profit.<\/p>\n

Ent\u00eat\u00e9, Peter a un jour d\u00e9cid\u00e9\u00a0: \u00abJe veux faire du pain!\u00bb C\u2019\u00e9tait \u00e0 ses d\u00e9buts sur la ferme. Avec l\u2019accord de Tony, Peter s\u2019est enfarin\u00e9. Il a, pendant deux ans, fait un pain qu\u2019il d\u00e9crit comme \u00abex\u00e9crable\u00bb et qu\u2019il vendait en colportant chez les voisins et en ville. Certains lui achetaient ses briques simplement pour le plaire, d\u2019autres en achetaient qu\u2019ils redistribuaient directement aux cochons de la basse cour. Cela dura jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019un soir, tard, il suscite une crainte profonde chez un villageois apeur\u00e9 par la vue de ce grand gaillard frappant \u00e0 sa porte et voulant \u00e0 tout prix vendre son pain.<\/p>\n

Stevan et Fraggle nous rejoignent tous les matins quand nous avons fini de d\u00e9jeuner et avons rang\u00e9 notre vaisselle. Il est 9 heures pass\u00e9es quand, les yeux encore embrouiller par les effluves de Morph\u00e9e, ils se font un caf\u00e9 et un th\u00e9, et s\u2019installent dehors pour le boire en fumant une cigarette.<\/p>\n

Stevan est volontaire sur la ferme depuis 2 ans et demi. \u00abJe suis arriv\u00e9 ici en tr\u00e8s mauvais \u00e9tat, je ne pouvais m\u00eame pas parler. J\u2019\u00e9tais muet. Traumatis\u00e9\u00bb, nous confia-t-il. Entre 16 et 23\u00a0ans, il s\u2019est occup\u00e9 de chiens battus. Le d\u00e9sespoir de ces b\u00eates et la cruaut\u00e9 humaine l\u2019ont profond\u00e9ment marqu\u00e9. Aujourd\u2019hui, jeune trentenaire, il se d\u00e9voue sur la ferme et est devenu l\u2019assistant fid\u00e8le de Tony et Sue. \u00abUn jour, r\u00eave-t-il, je pourrai peut-\u00eatre avoir une ferme \u00e0 moi, une maison que j\u2019aurai construite et, certainement, des moutons.\u00bb Stevan est excellent gardien de troupeau (moutons et vaches). De son aveu, ce sont ces b\u00eates qui lui procurent le plus de satisfaction. \u00abJe veux vivre frugalement et c\u2019est ce que j\u2019apprends ici sur la ferme. C\u2019est ce que je veux cultiver pour mon futur\u00bb, partage-t-il. Son enthousiasme, sa nervosit\u00e9 un peu hyperactive et sa fougue \u00e9nergisent l\u2019atmosph\u00e8re de la ferme.<\/p>\n

Fraggle, c\u2019est l\u2019homme \u00e0 tout faire. Vagabond, il se prom\u00e8ne avec un chariot sur lequel il tra\u00eene des dizaines de kilogrammes d\u2019outils. Il effectue des s\u00e9jours de plus ou moins longues dur\u00e9es \u00e0 Tir Eithin et ensuite reprend la route \u00e0 travers le Pays de Gales, l\u2019\u00c9cosse et l\u2019Angleterre. Il ne poss\u00e8de que des outils. La caravane dans laquelle il loge est situ\u00e9e dans le fond d\u2019un pr\u00e9. Il a tout r\u00e9par\u00e9 sur la ferme, de l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 \u00e0 la soudure, en passant par la ma\u00e7onnerie. Sur notre Bedford, il a r\u00e9par\u00e9 l\u2019entr\u00e9e \u00e9lectrique principale et le probl\u00e8me qui emp\u00eachait notre batterie de cellule de se recharger. Fumeur inv\u00e9t\u00e9r\u00e9, \u00abParce que je n\u2019en poss\u00e8de pas les g\u00e8nes, je ne mourrai pas du cancer\u00bb, jure-t-il, grand sourire fendu jusqu\u2019aux tempes, en toussant gravement. Sa toux ne disparut point durant notre s\u00e9jour.<\/p>\n

<\/p>\n

Une vision utopique<\/strong><\/p>\n

Les volontaires de Tir Eithin et de Banc Organics participent \u00e0 un projet collectif pour transmettre aux futures g\u00e9n\u00e9rations une conscience de la terre.<\/p>\n

Dans un texte in\u00e9dit, Tony met de l\u2019avant sa vision pour l\u2019avenir de la vie en milieu rural\u00a0:<\/p>\n

\u00abIci, \u00e0 Tir Eithin, nous poursuivons des activit\u00e9s culturelles, agricoles et d\u2019\u00e9levage pour nous-m\u00eames et pour notre voisinage. Nous avons d\u00e9couvert qu\u2019il y a chez les jeunes de tous horizons un grand d\u00e9sir de faire l\u2019exp\u00e9rience de ce mode de vie. Plusieurs jeunes r\u00eavent par contre de lieux qui seraient, dans leurs propres mots, \u201cle mien, hors r\u00e9seau\u201d. Il semble improbable que nous puissions demeurer isol\u00e9s longtemps du reste du monde et m\u00eame si cela \u00e9tait possible, nous nous imposerions une forme d\u2019auto-esclavage, en particulier \u00e0 l\u2019approche de la vieillesse. Plut\u00f4t, nous avons besoin d\u2019une campagne conviviale qui puisse produire des produits biologiques de haute qualit\u00e9 pour nos propres besoins et pour ceux des gens qui continueront certainement de vivre dans les villes et les m\u00e9tropoles.\u00bb<\/p>\n

\u00c0 la question de savoir si sa vision est utopique, il r\u00e9pond\u00a0:<\/p>\n

\u00abLes besoins des gens sont rarement identiques. Pour que ces id\u00e9es deviennent une r\u00e9alit\u00e9, il nous faut apprendre avec bienveillance \u00e0 respecter les diff\u00e9rences et \u00eatre pr\u00eats \u00e0 coop\u00e9rer \u00e0 plus grand que soi. Le contexte militaire-industriel mondial qui pr\u00e9vaut aujourd\u2019hui ne comble pas notre besoin d\u2019approches nouvelles et cr\u00e9atives en milieu rural. Je ne crois pas que la nature humaine soit statique. Celle-ci peut \u00eatre nourrie par chacun de nous, lorsque nous nous effor\u00e7ons \u00e0 devenir plus g\u00e9n\u00e9reux envers autrui et envers cette plan\u00e8te qui nous nourrit.\u00bb<\/p>\n

Je ressens chez ce cultivateur sage un r\u00eave inassouvi, un espoir qu\u2019il souhaite transmettre aux g\u00e9n\u00e9rations futures:<\/p>\n

\u00abIl nous faut des gens courageux. L\u2019art, l\u2019artisanat, la musique, les arts dramatiques, la po\u00e9sie, la danse et le sport sont des ingr\u00e9dients essentiels pour cr\u00e9er des domaines dynamiques o\u00f9 il ferait bon vivre et s\u00e9journer. En accomplissant un meilleur \u00e9quilibre entre les ressources financi\u00e8res et le travail manuel, nous pourrions nourrir une meilleure sant\u00e9 et cr\u00e9er une atmosph\u00e8re conviviale.\u00bb<\/p>\n

Il conclut en affirmant que ni la campagne ni la ville ne peuvent exister sans co<\/em>-exister, au sens d\u2019une collaboration \u00e9troite et dynamique:<\/p>\n

\u00abLe but principal de l\u2019approche que je propose est de repeupler les milieux ruraux avec des gens qui souhaitent s\u2019impliquer pour le bien de tous, en cr\u00e9ant des communaut\u00e9s rurales dynamiques dialoguant avec des communaut\u00e9s urbaines toutes aussi dynamiques.\u00bb<\/p>\n

Rapatriement du b\u00e9tail \u00e0 la ferme<\/strong><\/p>\n

Depuis aussi longtemps que les paysans se souviennent, les fermiers ont utilis\u00e9 les champs communaux pour y aller faire paitre leur b\u00e9tail. Aujourd\u2019hui seuls sont permis les chevaux et les bovins, car les champs ne sont pas suffisamment cl\u00f4tur\u00e9s pour que les ch\u00e8vres et les moutons puissent y errer en s\u00e9curit\u00e9. La circulation automobile est un fl\u00e9au, malgr\u00e9 le fait que le gouvernement ait investi derni\u00e8rement dans la signalisation et dans la construction de passages grillag\u00e9s, permettant aux voitures de circuler, mais emp\u00eachant le b\u00e9tail de passer.<\/p>\n

Autrefois, les champs dominaient les routes. Aujourd\u2019hui, les automobilistes se croient ma\u00eetres de tout. Les voisins de la commune semblent avoir oubli\u00e9 la vocation de ces terres. Notre pr\u00e9sence semble les rendre anxieux et nous sentons tomber sur nous leurs regards inquisiteurs quand nous passons \u00e0 proximit\u00e9 de leurs maisons.<\/p>\n

L\u2019un de ces voisins est en col\u00e8re quand il me voit passer b\u00e2ton \u00e0 la main et lorsqu\u2019il comprend que le b\u00e9tail de la ferme est \u00e0 ma suite. \u00abIls auraient d\u00fb me t\u00e9l\u00e9phoner\u00bb, rumine-t-il. J\u2019ai appris plus tard que, l\u2019ann\u00e9e pr\u00e9c\u00e9dente, les b\u00eates avaient p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 sa cour, car \u00e0 l\u2019\u00e9poque il n\u2019y avait pas de cl\u00f4ture, et qu\u2019elles avaient d\u00e9vast\u00e9 son jardin. Plus l\u2019homme et plus les gardiens du troupeau criaient aux b\u00eates des consignes d\u00e9sordonn\u00e9es, plus les b\u00eates s\u2019affolaient sur le terrain et brisaient arbres, plantes, pelouse, etc.<\/p>\n

La culture paysanne et communale semble en voie de disparition. Les voisins et les conducteurs que nous avons crois\u00e9s semblaient irrit\u00e9s de notre pr\u00e9sence; les automobilistes ne nous saluant gu\u00e8re et n\u2019affichant aucun sourire. Seuls quelques touristes de passage semblent avoir appr\u00e9ci\u00e9 notre spectacle et sont venus \u00e0 notre rencontre.<\/p>\n

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Troupeau de Welsh Black et Belted Galloway<\/p><\/div>\n

Le cheptel de la ferme Tir Eithin a pass\u00e9 l\u2019\u00e9t\u00e9 sur les collines de Muynydd Llanggynderyn<\/a>. \u00c0 l\u2019approche d\u2019un test de d\u00e9pistage de la tuberculose, nous sommes partis tous ensemble \u00e0 la recherche des vaches qui se sont dispers\u00e9es sur les quelques hectares de la commune. Quelques propri\u00e9taires habitant pr\u00e8s de la commune s\u2019\u00e9taient plaints que des animaux avaient p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 leurs champs. Cela nous servit d\u2019indices pour retrouver les b\u00eates qui, avec leur pelage noir, pouvaient \u00eatre invisibles \u00e0 l\u2019horizon ou dans les bois\u00e9s.<\/p>\n

Dans des collines magnifiques, nous avons march\u00e9 des kilom\u00e8tres tout en contemplant l\u2019histoire arch\u00e9ologique de ce coin de pays. Des monuments de pierre signalent la pr\u00e9sence d\u2019humains en ces lieux il y a des milliers d\u2019ann\u00e9es. De rares succises des pr\u00e9s, ou mors du diable (Succisa pratensis<\/em>), poussent ici et sont le refuge de damiers de la succise (une esp\u00e8ce de papillon menac\u00e9e de disparition) tout aussi rares.<\/p>\n

Nous avons trouv\u00e9 quelques b\u00eates en bordure de la route, dans un bois\u00e9, et finalement d\u00e9couvert dans un champ limitrophe trois veaux \u00e9gar\u00e9s. Cela nous occupa environ deux heures et nous sommes retourn\u00e9s \u00e0 la ferme pour une pause midi. Ensuite nous sommes mis en marche afin d\u2019aller chercher les b\u00eates et les conduire par la route jusqu\u2019\u00e0 la ferme. \u00c9quip\u00e9s de nos b\u00e2tons pour contenir les b\u00eates, en compagnie du chien Kellen et des volontaires de la ferme, nous avons form\u00e9 une procession quelque peu al\u00e9atoire qui a d\u00e9fil\u00e9 \u00e0 travers champs, bois\u00e9s et routes.<\/p>\n

Sur des kilom\u00e8tres, Ma\u00ebl et Kaliane, radieux, suivirent de pr\u00e8s Stevan qui appelait les b\u00eates en criant \u00e0 r\u00e9p\u00e9titions\u00a0: \u00abCoooooooooooooome on! Coooooooooooooooome on! C\u2019m\u2019on, c\u2019m\u2019on, c\u2019m\u2019on!\u00bb Les enfants, qui ont cette journ\u00e9e us\u00e9 leurs semelles, se sont acquitt\u00e9s avec brio de leur t\u00e2che de gardien de troupeau. Ils trouv\u00e8rent le sommeil en quelques minutes le soir venu.<\/p>\n

Une autre journ\u00e9e, ce fut les moutons dont il a fallu se charger. Kaliane, berg\u00e8re au regard ardent, s\u2019est empress\u00e9e de contourner le troupeau pour mieux le guider vers la sortie des champs. B\u00e2ton \u00e0 la main, Ma\u00ebl et Kaliane ont collabor\u00e9 \u00e9troitement au rapatriement des b\u00eates. L\u2019une de celles-ci avait \u00e9t\u00e9 infest\u00e9e par des asticots qui lui per\u00e7aient la peau et qui pullulaient dans sa toison. Il fallut \u00e0 Tony et Stevan plus d\u2019une heure pour couper le poil des zones infest\u00e9es et racler les centaines de vers enfouis. Cette sc\u00e8ne d\u00e9plaisante ne rebuta pas les enfants qui comprirent ainsi tout le soin n\u00e9cessaire que doivent prodiguer les humains \u00e0 leurs b\u00eates.<\/p>\n

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L\u2019\u00e9cole et la routine<\/strong><\/p>\n

Apr\u00e8s une semaine pass\u00e9e sur la ferme, nous avons progressivement trouv\u00e9 notre rythme individuel et familial. D\u00e8s 5\u00a0heures et demie, je me levais pour une s\u00e9ance de m\u00e9ditation d\u2019une heure et ensuite allait m\u2019installer au bureau pour entretenir mon site web. Apr\u00e8s quelques jours de cette routine, je ressentis un nouvel \u00e9lan de cr\u00e9ation et de production.<\/p>\n

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\u00c9cole sur la ferme<\/p><\/div>\n

Les enfants s\u2019installaient \u00e0 la table de la salle \u00e0 manger avec Marie-Soleil, avant ou apr\u00e8s le d\u00e9jeuner, afin de faire quelques exercices p\u00e9dagogiques. Gr\u00e2ce \u00e0 la douceur et la bienveillance de ma compagne, les enfants ont poursuivi leurs apprentissages de nature scolaire tout en vivant au rythme des travaux de la ferme. Une fois les le\u00e7ons termin\u00e9es, ils se pr\u00e9cipitaient vers l\u2019enclos des ch\u00e8vres afin d\u2019aller offrir une courte balade aux chevreaux tenus en laisse. Les chevreaux apprennent ainsi \u00e0 s\u2019habituer \u00e0 la pr\u00e9sence humaine et seront plus dociles quand viendra le temps de les traire.<\/p>\n

Parce qu\u2019ils sont les seuls enfants sur la ferme et que nous sommes occup\u00e9s bien souvent \u00e0 toutes sortes de t\u00e2ches, Ma\u00ebl et Kaliane ont souvent \u00e9t\u00e9 laiss\u00e9s \u00e0 eux-m\u00eames. Ils s\u2019invent\u00e8rent alors des jeux, bricol\u00e8rent avec les mat\u00e9riaux qu\u2019ils trouvaient \u00e0 leur port\u00e9e et venaient parfois nous pr\u00eater main-forte dans la cuisine.<\/p>\n

Mais au bout de deux semaines, nous avons commenc\u00e9 \u00e0 trouver que cette soci\u00e9t\u00e9 adulte ne leur convenait pas bien. Ils pouvaient certes s\u2019\u00e9clater avec Andy, un wwoofeur adulescent de 29\u00a0ans, mais \u00e0 moyen terme les relations qu\u2019\u00e9tablissaient les enfants avec celui-ci n\u2019\u00e9taient pas en mesure de combler leurs besoins d\u2019enfants. Incapable de dire non, Andy subissait avec sourire les attaques et l\u2019agitation des enfants.<\/p>\n

Au bout d\u2019un certain temps, Ma\u00ebl et Kaliane ont commenc\u00e9 \u00e0 d\u00e9fier les consignes, les limites et \u00e0 se penser beaucoup plus autonomes qu\u2019ils ne sont v\u00e9ritablement, \u00e0 7 et 8\u00a0ans. Nous avons r\u00e9alis\u00e9 l\u2019effet qu\u2019avaient pu avoir trois mois de voyage sans qu\u2019ils puissent jouer avec d\u2019autres enfants.<\/p>\n

Dans la cuisine<\/strong><\/p>\n

D\u00e8s le premier jour, Marie-Soleil et moi nous sommes mis au fourneau. Pain \u00e0 la levure et pizza le premier jour, en attendant que la culture d\u2019eau et farine que j\u2019ai m\u00e9lang\u00e9e se transforme en levain. Les conditions \u00e9taient si propices, que la culture eau-farine bouillonnait apr\u00e8s seulement une journ\u00e9e. Il en fallut quelques-unes de plus pour obtenir un levain mature, pr\u00e8s pour la panification.<\/p>\n

Durant trois semaines, tous les trois jours, ce fut une exp\u00e9rience boulang\u00e8re dans la cuisine. Les m\u00e9langes entre les diverses farines biologiques (blanche et enti\u00e8re) se sont succ\u00e9d\u00e9 pour le plus grand plaisir des b\u00e9n\u00e9voles et des wwoofeurs. La panification au levain a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 des formes et des saveurs inattendues pour ces derniers, habitu\u00e9s \u00e0 d\u2019autres mies et d\u2019autres cro\u00fbtes. Ce n\u2019est pas sans frustration que j\u2019ai appris \u00e0 domestiquer le four au gaz et le four \u00e0 convection, le second \u00e9tant devenu mon plus fid\u00e8le alli\u00e9.<\/p>\n

Un matin, le m\u00e9lange eau, farine et levure que j\u2019avais pr\u00e9par\u00e9 la veille \u00e9tait pr\u00eat \u00e0 5\u00a0heures. En pleine forme, j\u2019ai p\u00e9tri une p\u00e2te \u00e0 pain que j\u2019ai ensuite divis\u00e9e et fa\u00e7onn\u00e9e vers 6 heures et demie. Alan, un wwoofeur \u00e9cossais qui nous a envo\u00fbt\u00e9s en jouant de la cornemuse chaque fin d\u2019apr\u00e8s-midi, s\u2019est point\u00e9 \u00e0 la cuisine vers 8\u00a0heures en maugr\u00e9ant\u00a0: \u00abTu es fou! Ce tapage dans la cuisine \u00e0 5\u00a0heures et ensuite \u00e0 6\u00a0heures et demie!\u00bb Sa chambre \u00e9tant situ\u00e9e au haut de l\u2019escalier donnant sur la cuisine, il avait \u00e9t\u00e9 r\u00e9veill\u00e9 par mon activit\u00e9. L\u00e8ve-tard, il avait certes raison de se plaindre. Mais en ce dimanche magnifique o\u00f9 nous partions vers 11\u00a0heures pour aller faire une randonn\u00e9e sur la c\u00f4te galloise, il me fallait sortir les pains du four avant notre d\u00e9part. Ce fut chose faite! Et tous se r\u00e9jouirent d\u2019avoir du bon pain sur la planche. Alan inclus.<\/p>\n

Marie-Soleil a pris la rel\u00e8ve de Sue \u00e0 la cuisine. Durant trois semaines, elle a pr\u00e9par\u00e9 presque tous les soupers pour une douzaine de personnes. Vers 14 ou 15 heures, elle allait cueillir les ingr\u00e9dients du souper dans le potager. Ensuite, elle s\u2019installait \u00e0 la table et pr\u00e9parait jusqu\u2019\u00e0 18\u00a0heures des repas qui ont \u00e9merveill\u00e9 tout le monde\u00a0: quiches, desserts, l\u00e9gumes cuits longuement au four, chili et, r\u00e9guli\u00e8rement, des plats de viande (veau, porc, b\u0153uf, tous \u00e9lev\u00e9s et transform\u00e9s localement) pour les carnivores ind\u00e9fectibles.<\/p>\n

Lors de notre dernier souper sur la ferme, nous avons cuisin\u00e9 un grand festin indien\u00a0: chapatis<\/em> (pains plats non lev\u00e9s, cuits sur une plaque), dal<\/em> (lentilles), curry de pois chiches, l\u00e9gumes m\u00e9lang\u00e9s, pommes de terre et \u00e9pinards, curry d\u2019agneau et, pour le dessert, pouding au riz (kir) traditionnel (aromatis\u00e9 \u00e0 la cardamome et aux raisins secs). Ce fut une mani\u00e8re de marquer avec passion et gourmandise notre passage sur la ferme.<\/p>\n

Quotidiennement, Peter questionnerait Marie-Soleil\u00a0de son ton de voix naturellement fort et profond, \u00abDe la viande ce soir?\u00bb, tel un lion affam\u00e9 de viande sanguinolente. Aussi, il r\u00e9p\u00e9ta plusieurs fois\u00a0:<\/p>\n

\u00abSue, elle cuisine toujours trop tard! Nous mangeons \u00e0 21\u00a0heures! Mon Dieu!<\/p>\n

— Oui, lui r\u00e9pondis-je, elle est si occup\u00e9e dans le potager qu\u2019elle ne peut pas cuisiner plus t\u00f4t. Elle r\u00e9colte les l\u00e9gumes que nous mangeons le soir. Sinon, nous n\u2019aurions rien \u00e0 manger!<\/p>\n

— Oh! Oui! C\u2019est vrai ce que tu dis.\u00bb<\/p>\n

Fraggle, quant \u00e0 lui, refusait syst\u00e9matiquement de manger des l\u00e9gumineuses. Il argumentait que celles-ci sont responsables de l\u2019\u00e9mission de beaucoup de gaz \u00e0 effet de serre parce qu\u2019elles sont produites \u00e0 des milliers de kilom\u00e8tres de leur lieu de consommation. \u00abJe ne veux manger que ce qui est produit localement. Mieux vaut manger de la viande et des l\u00e9gumes locaux, que des l\u00e9gumineuses \u00e9trang\u00e8res\u00bb, soutenait-il. Pour lui, m\u00eame la production biologique de l\u00e9gumineuses \u00e0 l\u2019\u00e9tranger ne pouvait compenser pour l\u2019empreinte carbone.<\/p>\n

Mais y a-t-il plus que l\u2019\u00e9mission de gaz \u00e0 effet de serre qui compte dans le calcul de nos choix alimentaires? Est-ce que \u00ablocal\u00bb signifie n\u00e9cessairement moins de gaz \u00e0 effet de serre? Ne devrions-nous pas tenir compte du travail humain et des conditions sociales qu\u2019engendrent diverses formes de production? Je continuais de m\u2019interroger quand, un soir o\u00f9 chacun cuisinait pour soi, Fraggle a r\u00e9chauff\u00e9 des petits pois verts, des pommes de terre pil\u00e9es et de la viande, le tout provenant de conserves ni locales ni biologiques, produites par une m\u00e9ga-industrie alimentaire.<\/p>\n

Et que dire de ces fritures \u00e0 grande huile qu\u2019Alan se faisait tous les matins? L\u2019odeur suintait par tous les orifices de la cuisine et \u00e9crasait l\u2019atmosph\u00e8re jusqu\u2019\u00e0 une dizaine de m\u00e8tres du b\u00e2timent. Nous ne nous en sommes pas plaints ouvertement. Mais nous ne pouvions comprendre comment il est possible de valoriser l\u2019agriculture biologique et les communaut\u00e9s volontaires tout en mangeant si mal (des toasts beurre et confiture, avec un th\u00e9, pour le lunch) et en pestant contre la bonne volont\u00e9 de ceux qui se l\u00e8vent t\u00f4t pour garnir le garde-manger de la ferme. Je ne veux pas pr\u00eacher par exc\u00e8s de vertu, mais je me questionne quand je d\u00e9tecte certaines valeurs individuelles qui me semblent contraires au sens m\u00eame d\u2019une communaut\u00e9 volontaire.<\/p>\n

<\/p>\n

Au march\u00e9 de Pontyberem<\/strong><\/p>\n

Les r\u00e9coltes excellent. Elles n\u2019ont jamais \u00e9t\u00e9 aussi abondantes. Depuis que le Royaume-Uni maintient un livre des records saisonniers, jamais n\u2019y avait-il eu un \u00e9t\u00e9 aussi beau et sec. Alors que la m\u00e9t\u00e9o a \u00e9t\u00e9 beaucoup moins cl\u00e9mente en Belgique et en France au cours de l\u2019\u00e9t\u00e9\u00a02014, elle a \u00e9t\u00e9 splendide en Scandinavie et au Royaume-Uni. Abondance des r\u00e9coltes, donc, mais peu de consommateurs sur les march\u00e9s. Malgr\u00e9 la beaut\u00e9 des l\u00e9gumes et leur qualit\u00e9 biologique, peu de gens en r\u00e9gion et en ville sont \u00e9veill\u00e9s \u00e0 une alimentation saine.<\/p>\n

Les march\u00e9s n\u2019ont pas \u00e9t\u00e9 la manne esp\u00e9r\u00e9e pour Banc Organics, cet \u00e9t\u00e9. \u00c0 Carmarthen, le nouveau march\u00e9 fermier n\u2019a pas encore fait ses preuves. Une longue journ\u00e9e de 9\u00a0heures \u00e0 15\u00a0heures n\u2019a pas permis d\u2019amasser ne serait-ce que de l\u2019argent de poche\u00a0: \u00abJe croyais qu\u2019il suffirait de pr\u00e9senter mes l\u00e9gumes, ils sont si beaux, dit-elle, et que les gens s\u2019arr\u00eateraient pour en acheter. Mais ils ne nous connaissent pas et quand ils arrivent \u00e0 notre table, ils ont d\u00e9j\u00e0 fait leurs emplettes.\u00bb<\/p>\n

\u00c0 Pontyberem, \u00e0 quelques kilom\u00e8tres sous Bancffosfelen, tout au bas d\u2019une c\u00f4te raide et interminable, Marie-Soleil et moi avons ajout\u00e9 \u00e0 l\u2019offre maraich\u00e8re nos propres pains et plats cuisin\u00e9s. Autour de la grande salle communautaire se sont install\u00e9s des artisans et des cuisiniers domestiques. Ce march\u00e9 mensuel ressemblait plus \u00e0 un cercle fermier qu\u2019\u00e0 un march\u00e9 rural dynamique. En cette journ\u00e9e radieuse, il y avait plus de vendeurs que d\u2019acheteurs. Quelques-uns ont achet\u00e9 nos pains et nos quiches. Nous sommes retourn\u00e9s \u00e0 la ferme les bras charg\u00e9s des surplus qui ont fait le bonheur des volontaires.<\/p>\n

Un jour, Sue a contempl\u00e9 la table de la cuisine recouverte de divers plats, de pains et de desserts. Elle s\u2019est exclam\u00e9e\u00a0: \u00abC\u2019est ce dont j\u2019ai toujours r\u00eav\u00e9 pour Tir Eithin. C\u2019est comme un r\u00eave devenu r\u00e9alit\u00e9!\u00bb Cette ambiance dans la cuisine, o\u00f9 nous nous affairons \u00e0 mijoter plusieurs plats pour chacun des soupers, r\u00e9unit les gens. Le labeur dans les champs parvient ici \u00e0 maturit\u00e9. Le labeur \u00e9crase Sue, elle n\u2019a pas le temps de se consacrer \u00e0 la cuisine. Mais la vision de cette cuisine la r\u00e9jouit, lui fait sentir que le projet de Tir Eithin est r\u00e9alisable.<\/p>\n

Dans le potager<\/strong><\/p>\n

Sur la ferme, nous avons commenc\u00e9 \u00e0 nous d\u00e9tendre, apr\u00e8s des semaines sur la route. J\u2019ai eu mal au dos et aux \u00e9paules \u2013 la faute peut-\u00eatre de mon enthousiasme \u00e0 lancer des ballots de foin \u00e0 bout de bras. Marie-Soleil a eu un feu sauvage, signe que nous \u00e9tions en train d\u2019expier le stress caus\u00e9 par le poids de la conduite, de la mobilit\u00e9 perp\u00e9tuelle et l\u2019absence de routine.<\/p>\n

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Potager de la ferme Tir Eithin<\/p><\/div>\n

Le contact direct avec la nature, au quotidien, nous a fait un grand bien. Le soleil, le vent, la terre, la farine, les l\u00e9gumes du potager sont devenus l\u2019expression d\u2019un rythme lent qu\u2019il nous faisait bon retrouver. La premi\u00e8re semaine, nous avons dormi de tr\u00e8s longues nuits, jusqu\u2019\u00e0 10\u00a0heures de sommeil.<\/p>\n

Les cueillettes des l\u00e9gumes pour les march\u00e9s et pour les sacs des membres a occup\u00e9 deux journ\u00e9es par semaine. Dans les serres et dans les champs, nous avons cueilli poivrons verts, tomates de toutes sortes, concombres, ail, haricots verts et runner beans<\/em>, poireaux, oignons, betteraves, kale, choux, laitues, carottes, framboises, courgettes et j\u2019en passe.<\/p>\n

Marie-Soleil adore jardiner, mettre ses mains dans la terre et travailler \u00e0 un rythme lent impos\u00e9 par la d\u00e9licatesse ou la minutie des t\u00e2ches \u00e0 ex\u00e9cuter. Quant \u00e0 moi, je pr\u00e9f\u00e8re avoir les mains pleines, occup\u00e9es \u00e0 des t\u00e2ches plus grossi\u00e8res, imposantes. La cueillette et le d\u00e9sherbage, tr\u00e8s peu pour moi. Les t\u00e2ches demandant plus d\u2019efforts physiques m\u2019interpellent, mais je ne peux me tenir courb\u00e9 au-dessus d\u2019une fourche ou d\u2019une pelle plus d\u2019une dizaine de minutes. Mon dos en souffre. Le pain m\u2019appelle et, \u00e0 y r\u00e9fl\u00e9chir, combine tous les \u00e9l\u00e9ments qu\u2019il faut pour nourrir en moi une passion intense.<\/p>\n

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Tools for Self-Reliance<\/strong><\/p>\n

Dans un petit atelier am\u00e9nag\u00e9 dans l\u2019arri\u00e8re-cour, Colin re\u00e7oit hebdomadairement des b\u00e9n\u00e9voles qui viennent aider \u00e0 r\u00e9parer des outils de toutes sortes. Les scies, rabots, pelles, pioches, marteaux, vilebrequins peuplent les tablettes et attendent qu\u2019une main passionn\u00e9e lui redonne vie.<\/p>\n

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Outils restaur\u00e9s par des volontaires de Tools for Self-Reliance<\/p><\/div>\n

Ces vieux outils sont r\u00e9colt\u00e9s par Tools for Self-Reliance<\/a>, un OBNL fond\u00e9 en 1980 au Royaume-Uni. Les outils sont restaur\u00e9s, r\u00e9par\u00e9s et remis \u00e0 neuf par des b\u00e9n\u00e9voles. Ils sont ensuite envoy\u00e9s par conteneurs en Tanzanie o\u00f9 des OBNL redistribuent les coffres d\u2019outils assembl\u00e9s sur mesure \u00e0 des paysans. Ceux-ci re\u00e7oivent alors une formation technique qui leur permettra d\u2019apprendre un m\u00e9tier et de mettre \u00e0 profit leurs nouveaux outils.<\/p>\n

\u00abL\u2019effet est direct, dit Colin. Les gens n\u2019ont pas moyen d\u2019apprendre de m\u00e9tier, n\u2019ont pas non plus les outils pour passer \u00e0 l\u2019action. Nous restaurons les outils et les remettons dans le meilleur \u00e9tat possible, pour qu\u2019ils soient beaux et fonctionnels. Cela donnera envie aux gens qui les re\u00e7oivent de les utiliser avec soin.\u00bb<\/p>\n

\"Tools

Colin, volontaire pour Tools for Self-Reliance<\/p><\/div>\n

Plusieurs ateliers sont \u00e9tablis au Royaume-Uni. Celui-ci, \u00e0 Bancffosfelen, accueillait trois volontaires en plus de Colin lorsque j\u2019y suis all\u00e9. Muni d\u2019une lame de couteau en acier, je m\u2019\u00e9tais fix\u00e9 pour objectif de lui fabriquer un nouveau manche de bois. Dans une petite boite remplie de coupures de bois franc, j\u2019ai trouv\u00e9 un morceau dont l\u2019\u00e9paisseur semblait adapt\u00e9e \u00e0 mes besoins. Tra\u00e7age, d\u00e9coupage \u00e0 la main, sablage, per\u00e7age et ensuite pose de tiges d\u2019acier pour riveter le nouveau manche \u00e0 la lame, j\u2019ai obtenu un couteau d\u2019acier inoxydable bien tranchant et \u00e0 fi\u00e8re allure. C\u2019est avec la gorge nou\u00e9e que j\u2019offris en cadeau ce couteau \u00e0 Tony la veille de notre d\u00e9part.<\/p>\n

Altruisme<\/strong><\/p>\n

Sur la ferme, Marie-Soleil et moi avons fait le choix de nous rendre disponibles pour autrui, en offrant ce que nous savons le mieux faire sans rien esp\u00e9rer en retour. Nous avons tout de m\u00eame recherch\u00e9 quels \u00e9taient nos motifs d\u2019appartenance \u00e0 cette communaut\u00e9 bigarr\u00e9e.<\/p>\n

Tony souligna quelques fois, durant notre s\u00e9jour, ce qui fait l\u2019esprit de Tir Eithin\u00a0: \u00abHere we are! We\u2019re all different, with our own shortcomings, but we need each other, and we can work together. This is wonderful!<\/em>\u00bb (\u00abC’est comme \u00e7a! Nous sommes tous diff\u00e9rents, avec nos d\u00e9fauts \u00e0 chacun, mais nous avons besoin les uns des autres et nous pouvons travailler ensemble. C\u2019est merveilleux!\u00bb)<\/p>\n

Marie-Soleil compara une fois Tir Eithin \u00e0 un centre d\u2019accueil non pas juste pour les personnes souffrant de maladie mentale, mais pour les fauch\u00e9s et d\u00e9poss\u00e9d\u00e9 de ce monde. C\u2019\u00e9tait bien l\u2019endroit o\u00f9 nous avions besoin de nous retrouver quelque temps.<\/p>\n

L\u2019automne est arriv\u00e9 le 23 septembre. Cette journ\u00e9e du solstice fut bien diff\u00e9rente sur la ferme. Les jours d\u2019\u00e9t\u00e9 avaient \u00e9t\u00e9 cl\u00e9ments, chauds et ensoleill\u00e9s. D\u00e8s ce changement de saison, la temp\u00e9rature a chut\u00e9 brusquement, le brouillard est arriv\u00e9 et les journ\u00e9es de pluie fine se sont succ\u00e9d\u00e9. Nous goutions enfin au climat gallois habituel.<\/p>\n

Nous avons alors annonc\u00e9 notre d\u00e9part de la ferme, apr\u00e8s trois semaines d\u2019excellente compagnie, somme toute.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Lors de notre d\u00e9part de Gloucester, en direction de la ferme Tir Eithin, dans le comt\u00e9 du Carmarthensire, au pays de Galles, nous \u00e9tions l\u00e9gers….<\/p>\n","protected":false},"author":2,"featured_media":726,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_monsterinsights_skip_tracking":false,"_monsterinsights_sitenote_active":false,"_monsterinsights_sitenote_note":"","_monsterinsights_sitenote_category":0,"_jetpack_memberships_contains_paid_content":false,"footnotes":"","jetpack_publicize_message":"Tir Eithin: donner et recevoir | Un r\u00e9cit sur Reporterra.com","jetpack_publicize_feature_enabled":true,"jetpack_social_post_already_shared":true,"jetpack_social_options":{"image_generator_settings":{"template":"highway","enabled":false}}},"categories":[20,44],"tags":[99,78,142,79,85],"jetpack_publicize_connections":[],"jetpack_featured_media_url":"https:\/\/reporterra.com\/wp-content\/uploads\/2014\/10\/IMG_0130.jpg","jetpack_sharing_enabled":true,"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/722"}],"collection":[{"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/users\/2"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=722"}],"version-history":[{"count":7,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/722\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":736,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/722\/revisions\/736"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/media\/726"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=722"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=722"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/reporterra.com\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=722"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}