Tir Eithin: donner et recevoir

Tir Eithin: donner et recevoir

Tools for Self-Reliance

Dans un petit atelier aménagé dans l’arrière-cour, Colin reçoit hebdomadairement des bénévoles qui viennent aider à réparer des outils de toutes sortes. Les scies, rabots, pelles, pioches, marteaux, vilebrequins peuplent les tablettes et attendent qu’une main passionnée lui redonne vie.

Outils restaurés par des volontaires de Tools for Self-Reliance

Ces vieux outils sont récoltés par Tools for Self-Reliance, un OBNL fondé en 1980 au Royaume-Uni. Les outils sont restaurés, réparés et remis à neuf par des bénévoles. Ils sont ensuite envoyés par conteneurs en Tanzanie où des OBNL redistribuent les coffres d’outils assemblés sur mesure à des paysans. Ceux-ci reçoivent alors une formation technique qui leur permettra d’apprendre un métier et de mettre à profit leurs nouveaux outils.

«L’effet est direct, dit Colin. Les gens n’ont pas moyen d’apprendre de métier, n’ont pas non plus les outils pour passer à l’action. Nous restaurons les outils et les remettons dans le meilleur état possible, pour qu’ils soient beaux et fonctionnels. Cela donnera envie aux gens qui les reçoivent de les utiliser avec soin.»

Tools for Self-Reliance

Colin, volontaire pour Tools for Self-Reliance

Plusieurs ateliers sont établis au Royaume-Uni. Celui-ci, à Bancffosfelen, accueillait trois volontaires en plus de Colin lorsque j’y suis allé. Muni d’une lame de couteau en acier, je m’étais fixé pour objectif de lui fabriquer un nouveau manche de bois. Dans une petite boite remplie de coupures de bois franc, j’ai trouvé un morceau dont l’épaisseur semblait adaptée à mes besoins. Traçage, découpage à la main, sablage, perçage et ensuite pose de tiges d’acier pour riveter le nouveau manche à la lame, j’ai obtenu un couteau d’acier inoxydable bien tranchant et à fière allure. C’est avec la gorge nouée que j’offris en cadeau ce couteau à Tony la veille de notre départ.

Altruisme

Sur la ferme, Marie-Soleil et moi avons fait le choix de nous rendre disponibles pour autrui, en offrant ce que nous savons le mieux faire sans rien espérer en retour. Nous avons tout de même recherché quels étaient nos motifs d’appartenance à cette communauté bigarrée.

Tony souligna quelques fois, durant notre séjour, ce qui fait l’esprit de Tir Eithin : «Here we are! We’re all different, with our own shortcomings, but we need each other, and we can work together. This is wonderful!» («C’est comme ça! Nous sommes tous différents, avec nos défauts à chacun, mais nous avons besoin les uns des autres et nous pouvons travailler ensemble. C’est merveilleux!»)

Marie-Soleil compara une fois Tir Eithin à un centre d’accueil non pas juste pour les personnes souffrant de maladie mentale, mais pour les fauchés et dépossédé de ce monde. C’était bien l’endroit où nous avions besoin de nous retrouver quelque temps.

L’automne est arrivé le 23 septembre. Cette journée du solstice fut bien différente sur la ferme. Les jours d’été avaient été cléments, chauds et ensoleillés. Dès ce changement de saison, la température a chuté brusquement, le brouillard est arrivé et les journées de pluie fine se sont succédé. Nous goutions enfin au climat gallois habituel.

Nous avons alors annoncé notre départ de la ferme, après trois semaines d’excellente compagnie, somme toute.