Dix jours de méditation

Dix jours de méditation

Notre train est arrivé à Bangkok vers cinq heures du matin. Nous avions passé une nuit confortable sur les rails, après avoir séjourné deux nuits à Chiang Mai. Une heure plus tard, nous étions à la gare d’autobus de Bangkok pour tous les départs en direction du sud. À la billetterie, nous avons acheté les billets pour Marie-Soleil et les deux enfants, en direction de Ranong, dans le sud de la Thaïlande, sur la côte ouest. J’allais donc rester à Bangkok, pendant que le reste de la famille s’en allait vers la plage sur l’île de Koh Phayam au large de Ranong.

De mon côté, j’allais passer deux nuits à Bangkok avant d’attraper un autobus en destination de Prachinburi, pour me rendre au centre de méditation Dhamma Kamala. Depuis quelques mois, j’avais attendu patiemment cette retraite de méditation de dix jours.

Nous avons tué la journée dans cette gare-centre commercial, où durant de longues heures nous avons fait des tournées des kiosques et tenté de trouver de la nourriture satisfaisante: notre meilleur choix s’est arrêté sur les dépanneurs de la chaîne 7-Eleven où nous avons acheté des plats surgelés que les employés ont chauffés dans des micro-ondes. Nous avons aussi éprouvé notre patience (les adultes) au son des jeux vidéo et des films violents dont les trames sonores perçaient à travers les murmures de la foule. Les enfants, eux, étaient rivés malgré nous à ces écrans de pixels.

À dix-neuf heures trente, j’ai accompagné Marie-Soleil, Maël et Kaliane, ainsi que notre amie Michelle accompagnée de ses deux enfants, jusqu’à leur autobus. Ma compagne n’était donc pas seule dans ce voyage, ni les enfants d’ailleurs qui avaient la chance de partir avec deux amis de leur âge.

Derniers saluts, je me suis retourné et ai trouvé mon chemin jusqu’à mon lit dans une auberge située en plein coeur du centre-ville de Bangkok. La journée suivante, j’ai marché. Vingt kilomètres sur le bitume surchauffé de Bangkok, à parcourir les quartiers diplomatiques et gouvernementaux, ainsi que les secteurs touristiques dont Kao San et le très populaire quartier chinois. C’était comme une méditation dans l’effort de la marche.

Mais ce n’était pas ce qui m’attendait au centre de méditation le lendemain. Car là, la méditation ne serait pas affaire de distance, d’enchaînement de pas, ni de contemplation du monde extérieur. Cela s’annonçait bien plus comme une assise, une introspection, une réorientation du regard et de l’attention vers soi, dans la solitude. J’espérais bien que cette retraite me remette sur les rails psychologiquement, me redonne une énergie créatrice et me recentre mentalement.