Vivre ses rêves
Je me surprends des fois à rêver en regardant les anciens textes et les anciennes photos sur mon blogue, comme si ceux-ci évoquaient à mes sens la mémoire – ou le rêve – de moments inoubliables – ou rêvés. Les récits peuvent faire rêver et j’espère bien inspirer une part de rêve. Mais c’est vivre ses rêves et se mesurer à la réalité du monde qui comptent.
Laissons l’écran et les pixels. Oublions les récits: créons nos univers, nos récits. Communiquons nos passions!
Un voyage au moyen duquel je parviens à me redéfinir et à oublier des repères qui m’apparaissent désormais mal fondés n’est pas une vacance. Je pense au retour. Je veux revenir avec l’assurance que malgré les insécurités de la vie – et il pourrait y en avoir plus ou de plus grandes lors du retour – je peux continuer de vivre pleinement même si je me sens dépossédé de mes moyens ou de mes repères.
Tout n’est question que de pratique. Parler du voyage n’y fera rien. Ne vaut-il pas mieux envisager l’inconnu (du voyage, du voisinage, du village, de la communauté, etc.) comme une part de soi-même que nous pouvons expérimenter directement? Voyager n’est qu’un prétexte… N’avons-nous pas chacun nos propres moyens pour nous renouveler et nous déposséder de nos vieilles habitudes, conditionnements, rôles et présupposés? Ou peut-être manquons-nous de détermination pour nous remettre véritablement en question… Cela m’arrive bien souvent, bien que je veux émerger de ce plongeon dans le réel en devenant plus terre à terre, et plus pragmatique, aussi.
Je continue parfois d’idéaliser mon voyage, cela en même temps que je le vis ou que je le raconte. Mais le temps et l’espace usent ma patience: le voyage ou le monde dont je rêve est une illusion. Je poursuis une chimère. Seul ce présent où je lâche prise de ces idéaux que je poursuis vainement est un moment libérateur. Chaque instant mérite toute mon attention.
Chaque instant se suffit à lui-même. Je sais qu’il y a de grandes choses et de grands projets qui peuvent s’accomplir grâce à ce caractère éphémère du monde. Le futur sera tel qu’il sera: il sera bien si je fais du présent la source et la finalité de toutes mes aspirations.
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Hum.. .merci pour ce beau texte. Ça m’a fait du bien ce matin 🙂
C’est un peu ça, le voyage: sortir de l’univers qu’on connaît pour redécouvrir des choses qu’on savait déjà, finalement, et réorienter notre vie en lien avec ces prises de conscience… Comme quoi changer de point de vue, bouger, être déstabilisé, c’est sain. Et j’ai eu la joie de comprendre, en te lisant, que comme tu es un homme qui ne vit jamais les choses à moitié, toi, il te fallait le monde entier et pendant un an en plus, rien de moins, pour y arriver. Ça me fait du bien de le constater, parce que trop souvent, depuis votre départ, je me suis demandée (avec tantôt de la curiosité, tantôt de la tristesse, tantôt de l’incompréhension, tantôt de la nostalgie): « Mais pourquoi ils avaient besoin de partir si longtemps?? ». Et mon chum de me répondre: « Parce qu’il en avaient besoin, c’est tout ». Pour d’autres, le « ice cream party » de l’église anglophone du coin de la rue, ça fait la job, ou encore, une visite au Pub « la Caserne », ou même une visite anthropologique à l’épicerie asiatique sur le boulevard Taschereau…
Merci de m’avoir éclairée, cher ami. En terminant j’ai envie de te transmettre une citation, d’une auteur très inspirante qui a tenu un journal jusqu’à quelques mois de sa mort, Christiane Singer, et qui disait: « Faire des plans d’avenir, c’est aller à la pêche là où il n’y a pas d’eau. Rien ne se passe jamais comme tu l’as voulu ou craint. Laisse donc tout cela derrière toi »…Et plus tard, elle ajoute: » ne jamais oublier d’aimer, exagérément. C’est la seule bonne mesure ».
Bonne continuité François! Je vous embrasse!
La «dernière douane», écrivait Nicolas Bouvier. C’est-à-dire la mort. On vient au monde avec si peu et on repart peut-être avec encore moins. J’ai beau être au bout du monde (pour certain), il n’en reste pas moins que c’est le «même» esprit qui voyage… en tout cas c’est un ensemble de causes et de conditionnements que j’appelle «moi» qui voyage. Autrement dit, je pourrait être à l’autre bout du monde et ne jamais me permettre d’éprouver l’inconnu. Cette épreuve, je lui résiste souvent. C’est sur un coussin de méditation que j’ai fais la «vraie» rencontre, si ça existe…
Merci!
Merci, très belle prise de conscience… Ce texte m’inspire grandement.
Sans vouloir dénaturer le texte, cette question me parle particulièrement et se répond d’elle-même…
« Ne vaut-il pas mieux envisager l’inconnu (du voyage, du voisinage, du village, de la communauté, etc.) comme une part de soi-même que nous pouvons expérimenter directement? »
Et c’est bien vrai que «chaque instant mérite toute [notre] attention.» Je trouve que je l’oublie trop souvent et j’observe quotidiennement que je ne suis pas seul dans cette situation.
Merci. Au bonheur…