Une nuit dans le fournil de Mair's Bakehouse

Une nuit dans le fournil de Mair’s Bakehouse

En ce jeudi après-midi, nous préparons vers 14 heures les différentes pâtes à pain de cette petite production qui sera livrée à quelques commerces le vendredi. Pains sur levure et pains au levain naturel sont sur la liste: pain blanc, pain aux olives, pain aux noix, pain intégral à la farine de blé ou à la farine de seigle, pain de campagne (mi-blé, mi-seigle). Entre les préparations et le découpage-façonnage, nous allons découvrir le terrain autour de la boulangerie.

Deux conteneurs industriels ont été aménagés pour entreposer le bois que le fils de Rick et Maggie vient fendre régulièrement. Le bois est issu de leur forêt privée.

Plus loin au haut d’un grand pré, une éolienne fournit toute l’électricité pour le foyer et la boulangerie. Lors de sa production soutenue pour la foire de Narbeth, le convertisseur s’est brisé et, minuit passé, Rick a dû enfourner et défourner ses dernières fournées en s’éclairant au moyen d’une lampe frontale. L’éolienne tournoie à quelques dizaines de mètres d’une ligne à haute tension, comme symbole d’une résistance pacifique et d’un désir ardent d’autosuffisance.

De retour dans l’atelier vers 17 heures, nous divisons et façonnons les divers pains les uns après les autres. Maël et Kaliane sont venus nous rejoindre et mettent les mains à la pâte. Maël réussit une longue tresse, alors que Kaliane noue une couronne.

Après un souper rapide, nous retournons au four qui, après la chauffe du matin, a reposé tout l’après-midi. La température de l’âtre et de la sole avoisine maintenant les 260 °C (500 °F). Vers 21 heures, les enfants viennent nous rejoindre habillés de leurs pyjamas, prêts à sauter au lit après qu’ils auront enfourné les pains de la première fournée. En bons élèves, ils placent les moules à pain sur la pelle que tient Rick, et à quatre mains ils déposent ceux-ci chacun à leur position le long des parois du four.

La première fournée sort du four aux alentours de 22 heures. La croûte des miches craque en refroidissant. Le volume de celles-ci a presque doublé sous l’effet de la chaleur intense du four. Les arômes du pain chaud éveillent en moi tous les meilleurs souvenirs que je nourris par rapport au pain. Nous laissons le four reposer quelques minutes, pour que la chaleur accumulée dans les couches profondes de la voûte et de la sole chemine vers l’âtre. Ainsi le four regagne la chaleur qu’il a perdue lors de la première cuisson.

Il est minuit passé lorsque nous avons sorti la deuxième fournée. Les pains reposent, alors que nous faisons un léger ménage et allons nous coucher.