Dix jours de méditation

Dix jours de méditation

Dans le milieu de l’après-midi du quatrième jour, nous avons été introduits à la pratique de vipassana, un autre type de méditation. La conscience de la respiration était en fait un exercice préliminaire, qui visait à affiner la capacité de l’esprit à faire l’expérience directe de la respiration et des sensations qui lui sont associées.

Vipassana contient passana qui veut dire «voir» et vi qui veut dire «distinctif, spécial»: c’est donc un entraînement à voir les choses d’une manière distinctive, spéciale.

J’ai donc commencé comme tous les autres méditants à parcourir méthodiquement toutes les parties de mon corps afin de faire l’expérience des sensations qui s’y manifestaient. Les consignes étaient très claires: il s’agissait de porter mon attention sur une zone du corps, de prendre conscience des sensations qui avaient lieu à cet endroit et ensuite de passer à la zone adjacente. Tout le corps était ainsi parcouru, au moyen d’une attention fine, aiguisée par la pratique de la conscience de la respiration.

Le champ des sensations dont j’ai fait l’expérience est immense: sensations de douleur, de picotement, de brûlure, de pression, de fourmillement, de légèreté, de piqûre, d’engourdissement, et ainsi de suite. Bref, je ne devais pas être en quête de quoi que ce soit. Tout ce que j’avais à faire était de rester immobile et d’observer ce qui se passait à chaque endroit de mon corps. Sans réagir. Sans chercher à expérimenter quoi que ce soit d’agréable ni à désirer que les sensations désagréables disparaissent.

Le Bouddha était un éternel marcheur. Il exhortait les moines comme suit: «Allez, oh moines, pour le bien de tous, pour le bonheur de tous, avec compassion envers le monde, pour le bien et le bonheur des être humains et des dieux.»

Le Bouddha était un éternel marcheur. Il exhortait les moines comme suit: «Allez, oh moines, pour le bien de tous, pour le bonheur de tous, avec compassion envers le monde, pour le bien et le bonheur des être humains et des dieux.»

Le coeur de cette pratique visait à libérer l’esprit, d’une part, de ses tendances à s’attacher aux sensations agréables – en les désirant, en les recherchant et en les imaginant – et, d’autre part, de ses tendances à vouloir écarter les sensations désagréables – en les ignorant, en les jugeant ou en voulant les remplacer par d’autres expériences agréables.

Les discours que nous avons écoutés le soir m’ont appris que le but de vipassana, c’est de développer une compréhension profonde de la nature des phénomènes physiques et psychiques. De parvenir à expérimenter directement, sans jugement et sans attentes, l’apparition et la disparition de tout ce qui me compose: sensations, émotions, pensées, concepts, idées, etc.

Le Bouddha a enseigné que tout dans le monde des expériences sensorielles est impermanent, est dépourvu d’une identité fixe et est propice à engendrer de l’insatisfaction. La méditation vipassana m’a fait éprouver les causes profondes de mon mal-être, de mon insatisfaction et de ma frustration vis-à-vis du monde. Ces causes sont toutes intérieures, ce qui me déséquilibre est mon attachement à ce que je veux mais que je ne peux pas obtenir ou mon attachement à voir disparaître ce que je ne veux pas.

Les yeux fermés, la conscience libérée du désir et de l’aversion, j’ai senti mon esprit qui se purifiait de ses habitudes égocentriques.